Un ex-Président ne devrait jamais écrire ça : le livre de François Hollande

Pierre-GillesBellin - livre de François Hollande

Un ex-Président ne devrait jamais écrire ça : le livre de François Hollande

Il s’agit d’un livre assez épais, donc je me le suis procuré dans le monde virtuel chez Kindle pour 15,99 euros au lieu de 22. Et le prix unique du livre, s’emporte le citoyen-auteur que je suis, submergé par le consommateur fauché ! Fiche de lecture éminemment subjective. Caricature d’Anouk Depeyrot. Par Pierre-Gilles Bellin.
Pierre-GillesBellin - livre de François Hollande
Le "Trou de souris" : ce n'est pas une fable, c'est l'expression qui courrait sur le seul espace qui restait à F. Hollande s'il voulait rester Président, ainsi que nous le conte RTL (voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=cSh1HxcoLfc) © Anouck Depeyrot (droit de reproduction : Pierre-Gilles Bellin)

« Résumer » et « subjectiviser »

Les leçons du pouvoir sont divisées en 18 chapitres résumés par des verbes : «Présider», «Vivre», «Réagir», etc. La «Philosophie de la décision» ; «Les leçons du pouvoir» : d’emblée, la barre est élevée. Ce fin tacticien qu’est l’auteur, cet humouriste aux portraits assassins, celui qui fait rire en ville, a-t’il acquis depuis sa défaite les profondeurs d’un François Mitterrand ou d’un De Gaulle ?

L’ouvrage suit globalement la trame temporelle du quinquennat, même s’il part de la passation du pouvoir où, dans un court paragraphe à la limite du hors-sujet, François Hollande fait part de réflexions sur la monarchie qui lui ont été tenues par Monsieur Macron. Suit le quinquennat jusqu’au tournant du terrorisme : nous apprenons peu de ce que nous ne savons déjà. « Faire face » est le chapitre sur les attentats vus du sommet et sur le terrain. Horrifique. Il est suivi presque aussitôt par « Vivre », consacré aux trois femmes de président, de Mme Royal à Julie Gayet ; et l’auteur d’expliquer selon lui pourquoi Mme Trierweiller a écrit : Merci pour ce Moment. Cela tiendrait à une raison institutionnelle, présentée de manière peut-être alambiquée. En tout cas, cela n’a que peu à voir avec une raison de tromperie, de scooter, de croissants et de casque. On bondit ensuite à la question européenne, l’euro, les achats directs des créances par la Banque centrale, le référendum grec, où un peuple rejette un plan que ses dirigeants lui imposent ensuite. Suivent l’immigration, le succès théorique de la COP 21 (la conférence climatique), la réduction du déficit, le choix d’une politique de l’offre via le crédit d’impôt aux entreprises. « Parler » est un peu le « discours de la méthode » de l’ex-président, où il fait leçon sur l’art d’écrire les 300 discours de son quinquennat. Citation : « La parole politique… [ces trois petits points indiquent la réflexion en cours] On la veut dense, solennelle, impérieuse. Elle est d’abord fragile ». A mon sens, tout le style et le fond sont là. Puis nous sommes re-conviés à un retour en arrière : cette longue leçon servait en fait à préparer les raisons pour lesquelles les promesses du discours du Bourget ont été respectées… mais il y reviendra pour nuancer. Toujours dans « Parler » : suivent des avancée chronologiques, des réflexions à brûle-pourpoint : l’auteur remercie ainsi un lanceur d’alerte (Antoine Deltour), mais oublie Julian Assange et Edward Snowden, auxquels il refusa l’asile politique. Puis il passe sur ses discours que la météo a transformés en crashs communicationnels, sacrifiant à l’auto-ironie. « Réformer » : fin du bouclier fiscal, mariage gay, fin (limitée) du cumul des mandats (sauf M Le Drian), diminution du nombre des régions (si la Bretagne n’est pas agrandie par la Loire-Atlantique, selon les souhaits des Régionalistes, c’est qu’elle ne veut pas s’unir aux pays de la Loire, nous explique-t-on. Mais comment l’auteur le sait-il sans demander aux habitants ?). Puis retour aux promesses électorales : pourquoi pas de proportionnelle, finalement ? On aurait pu y répondre au début, dans « Présider », sorte de petit traité de droit constitutionnel où l’auteur conseille de « présidentialiser totalement l’actuelle République ». Sans plus de détails. « Réagir », qui aurait presque pu être le titre de presque chacun des chapitres, est consacré au cas Leonarda, cette jeune fille du Kosovo que l’administration (et Manuel Valls) voulait expulser mais à laquelle il donna une dérogation, après lui avoir téléphoné (dans le cas de cette malheureuse, la police avait été la chercher à la sortie de l’école…). Puisque « réagir » semble consacré aux cas individuels, le cas Rémi Fraisse est longuement exposé (ce militant tué à bout portant dans une forêt), le cas Notre-Dame-des-Landes très brièvement… Mais si on laisse les Zadistes en place, c’est en partie qu’« interdire les cortèges est une atteinte à la liberté » (les gens des cortèges contre la loi-El Khomry apprécieront, notamment ceux qui ont tourné autour de bassin de l’Arsenal sous prétexte d’état d’urgence). On attend des cas Fraisse ou Zad une sorte de généralisation sur le rapport de nos sociétés à la Nature, mais la question semble ne pas se poser.

« Présider et consoler »

est d’abord consacré au crash d’Air Algérie (24 juillet 2014) : « Les catastrophes aériennes sont de plus en plus rares, ce qui les rend de plus en plus inacceptables », lit-on. Catalogue d’une compagnie aérienne ? Non, plume de l’auteur. C’est aller vite : quid du « plus grand mystère de l’aéronautique », le crash de la Malaysian Airlines (MH 370, 9 mars 2014) ? De la Germanwings sur les Alpes (24 mars 2015) ? Quatre mois après le MH 370, de la destruction d’un appareil de la Malaysian par les Russes sur l’Ukraine (est-ce un message aux auteurs du crash de la MH 370 ?) (MH 17, 17 juillet 2014) ? Du crash des deux hélicoptères du tournage de l’émission Dropped de TF1, le 9 mars 2015, emportant Florence Arthaud et dix personnes, dont de grands champions ? Quid, le 26 janvier 2015, sur une base espagnole (Albacete), d’un F16 qui au décollage se déporte sur sa droite, perd son altitude, se crashe et tue une vingtaine de personnes, dont huit Français, détruit un Alpha-Jet et un Mirage 2000 ? Le discours de Hollande se modèle finalement un peu sur celui de Trump qui nous dira, après un an de mandat : « Depuis que je suis là, il n’y a eu aucun crash aérien ». Rapport ? Sur le plan humain, s’ajoutent les refus de l’Etat de recevoir l’homme qui a perdu sa femme et deux de ses enfants le 9 mars, Ghyslain Wattrelos, qui mène une enquête peut-être manipulée dès le départ… jusqu’au découragement final (après lui avoir fait enfin visiter des installations secrètes, montrer des photos satellites de la carcasse de l’appareil sur les flots, et reçus les conseils sincères et forcément désintéressés d’abandonner). A contrario, rappelons au passage les menaces qu’a reçues Marc Dugain, qui faisait la même enquête : « Combien de fois j’ai entendu : ‘‘ Laisse tomber, c’est une mauvaise histoire, une mauvaise affaire ’’, de la bouche de spécialistes du renseignement. […] Pourquoi se risquer à menacer lorsque l’on n’a rien à cacher ? » (voir ici : https://www.lexpress.fr/actualite/societe/mh370-marc-dugain-le-romancier-devenu-malgre-lui-chouchou-des-complotistes_1705210.html).

« Regretter »

aurait aussi pu être le titre fourre-tout de nombreux thèmes, mais là le chapitre est consacré aux erreurs du projet de déchéance de nationalité. Problème éthique, ou plutôt problème d’une majorité introuvable, quand des ténors de la droite rappellent leurs propres histoires familiales ? Puis nous repassons au thème fiscal, au « ras-le-bol » fiscal des Français, à la loi El-Khomry. « Punir » est le titre du chapitre suivant, consacré à l’affaire Cahuzac… F. Hollande réussit le tour de force de remercier MediaPart d’avoir contacté le Procureur de la république… Mais voilà enfin quelques-unes des leçons du pouvoir : il crée le Parquet financier, une Haute autorité pour la transparence de la vie publique (avancées que l’on ne peut dénier, mais il faudrait peut-être se pencher sur les moyens). « Nommer » sera logiquement le chapitre suivant consacré d’abord à son premier Premier Ministre, Jean Marc Ayrault, M. Le Drian, le couple Valls-Taubira (jusqu’à la démission de celle-ci), etc. C’est une sorte de présentation type CV. A souligner : son refus de principe et républicain de placer aux postes gouvernementaux des gens de la « société civile » (excepté M Macron) et cette phrase : « J’estime que le maillon essentiel c’est le corps préfectoral ». « Rompre » ne sera pas consacré au retour de problèmes conjugaux, mais en grande partie à Arnaud Montebourg… avec un flash-back sur le dossier Alstom ; puis on évoque la cuvée du redressement dans le fief montebourgien qui aboutira à l’éjection du ministre et de Monsieur Hamon. La suite, c’est l’engrenage qui mène à sa non-représentation aux Présidentielles de 2017 : avec en apogée l’évocation de l’ouvrage Un président n’aurait jamais dû dire ça, où il cloue au pilori la transcription « maladroite » de « certains » de ses propos (je note que c’est dans cet ouvrage où l’on voit un Hollande vivant et amusant) ; suit l’évocation de la candidature de Manuel Valls, sur fond de primaires, d’éclatement de la gauche en candidats multiples et sur fond aussi de fracture européenne, la conscience qu’il fera un score symbolique. Le dernier cinquième du livre est consacré à Emmanuel Macron et à sa « trahison ». Quelques anecdotes sur le départ des derniers fidèles, le délitement de l’équipe devant la perte de crédibilité…

« Conclure »

Il s’agit du livre le plus ennuyeux que j’ai lu, à part Servir de l’ancien chef d’état major Pierre de Villiers (sorti début 2017). Mais avec quelques grands moments : les négociations avec Poutine, qui avale la Crimée et la moitié de l’Ukraine ; un Poutine dont les seules motivations sont nationalistes ; un dîner avec un Obama pas très sympathique, qui chipote sur son fromage ; Trump, qui appelle F. Hollande pour savoir s’il ne lui trouverait pas quelque collaborateur. Pour le reste, l’ouvrage, qui tient aussi du règlement de compte, est un plaidoyer, avec des allers-et-retours incessants, des chapitres vaguement thématiques. Comme pour le quinquennat, il n’y a pas de vertèbres, quelque chose qui mène vers autre chose… Ce plaidoyer tue le livre, on ne peut plus y attendre d’objectivité, mais des moments qui se suivent, reviennent, des quarts de vérités, des oublis, une sorte d’autisme avec la sensibilité et l’émotionnel en moins. Le plus gênant, ce sont les manques, les creux : en trop, les tentatives de régler un compte avec E. Macron, qui occupent les derniers 21 % du livre à lui presque seul ; les éloges au chef d’état major Pierre de Villiers, auxquels on croit peu (pour tout dire, il donne l’impression de chercher à porter tord à E. Macron) ; l’oubli de Bernard Bajolet, son compère de la DGSE, pour lequel il a repoussé la limite de départ à la retraite… peut-être parce que celui-ci s’est retrouvé dans le clan Macron ? Pourquoi l’un et pas l’autre ? Autre oubli, sa plaisanterie devant Mme Trierweiller sur les « Sans-Dents » : reflète-t-elle le goût d’un « bon » mot, un mépris social, une indifférence à autrui (je me souviens, dans Merci pour ce moment, cette scène où il propose à sa compagne qu’ils prennent un somnifère après une querelle). Quoi qu’il en soit, les grandes fractures sociales du pays sont surtout évoquées au travers de grosses ruses tacticiennes, qui cachent l’existence d’une vraie pensée, ou d’une véritable compassion : la fracture sur l’Europe, ingérable avec des Hamon et des Montebourg, le « monôme de Frangy » (bon mot) dont le mépris pour le Président et J.-M. Ayrault n’a jamais été caché ; le passage à une économie de l’offre ; l’a-écologisme du Président, qui met pourtant en avant avoir maintenu une alliance « verte » en offrant un ministère à Emmanuelle Cosse après le départ de Cécile Duflot, laquelle « Emma » avait pris la tête d’EELV, amenant la dislocation d’un parti dégoûté qui avait accepté pour deux ministères et deux dizaines de députés le maintien de Fessenheim et de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Pourtant, peut-être, l’homme cache-t-il des passions, comme cet ancien ministre de Droite spécialiste des Métamorphoses d’Ovide ? Aurait-il du pousser son art du portrait, des bons mots ? Pourquoi se retenir ? Fallait-il le pousser dans ses retranchements, ses pudeurs ? Qu’il fasse carrément une sorte de manifeste contre Emmanuel Macron ? Avoir choisi des verbes pour les chapitres, loin de surligner des actions, rend plus sensibles les flous, le fait d’être agi du dehors, de se placer dans le court terme, l’illusion tactique. Son titre achève de décribiliser l’ouvrage. Il met en exergue une crise plus qu’existentielle débordant de toutes parts, dont les leçons personnelles et collectives semblent impossibles à tirer. Que n’a-t-il pu hélas dépasser cette rancœur face à E. Macron, qui n’a fait que suivre ses propres leçons ?

Mais si F. Hollande n’était pas vraiment démocrate ?

A la fin de ma lecture, je me suis demandé : ai-je dormi où F. Hollande n’a-t-il nulle part évoqué l’état d’urgence, ses xièmes prolongations ? Si, en fait : à 25% du livre (sur Kindle), je lis qu’il « est faux » que « [les] renseignements s’exercent indistinctement sur tous les citoyens et que la lutte contre le terrorisme débouche mécaniquement sur le développement d’un État tutélaire capable d’espionner à tout moment n’importe qui, n’importe où  ! » Dans la même veine, les écoutes obéissent à des règles précises. Mais, pour ratisser les terroristes, ne faut-il pas ratisser tous les mails et tous les mots clés, les appels/SMS d’une immense population ?  Avec la fusion RG-ex-DST, devenus aujourd’hui la DGSI, le secret-défense n’a-t-il pas été généralisé aux ex-RG (à l’origine un peu une officine de sondage pour les gouvernements) ? Ce secret n’est-il jamais invoqué contre des militants, ces horribles « droits de l’hommistes », ces Nuit-Debouts qui « nous empêchent de travailler » ? Aujourd’hui, il suffirait d’un copier-coller pour envoyer quelques dizaines de milliers de personnes en prison si un Erdogan prenait le pouvoir. Le pouvoir des instances de contrôle, leurs effectifs, budgets sont dérisoires. A mon sens, ce qui illustre le plus les opacités mises en place par les lois sécuritaires de F. Hollande, c’est que désormais connaître sa fiche, tout autant que son existence, sont impossibles. Démonstration grâce aux journalistes Camille Polloni (voir ici : https://www.mediapart.fr/journal/france/101117/surveillee-et-fichee-la-journaliste-camille-polloni-obtient-une-demi-victoire-judiciaire?onglet=full) et Olivia Recassens (voir ici : https://www.franceinter.fr/emissions/l-interview/l-interview-25-mars-2017) ; et aussi, excusez-moi, via mon cas, tout petit activiste modéré de « province » (Voir ici : https://blogs.mediapart.fr/583385/blog/040617/linenarrable-histoire-du-contre-projet-au-stade-de-tremelin-en-broceliande).

Annexe : Parcours de démocrates en liberté surveillée.

Le cas exemplaire du journaliste Camille Polloni. La non-confidentialité des données échangées : le manuscrit intercepté de la journaliste d’investigation Olivia Recassens. L’auteur de cet article : fiché pour avoir arrêté un stade d’athlétisme en pleine nature (voir ici : https://blogs.mediapart.fr/583385/blog/040617/linenarrable-histoire-du-contre-projet-au-stade-de-tremelin-en-broceliande) et l’impossibilité de le savoir.

Que ces expériences évitent d’abord aux activistes potentiels de perdre leur temps, afin de se concentrer sur l’essentiel… Depuis les lois sur le renseignement de l’ère Hollande puis intégrées dans le droit commun sous Emmanuel Macron, un activiste moyen ou un lanceur d’alerte peut-il savoir s’il est fiché, comment il l’est, c’est-à-dire ce que contiennent les fiches ? Non. J’ai testé pour vous. Doublement, triplement. Bien évidemment, il faut certaines raisons pour être fichés, mais l’étendue du fichage a augmenté beaucoup plus que proportionnellement aux dangers. Il faut être un activiste plutôt qu’un militant, entretenir des relations avec des activistes déjà fichés, être journaliste ou écrire certains livres, sur certains thèmes, nuls comme géniaux. Sur combien d’années en fait la traçabilité des appels téléphonique est-elle assurée par les opérateurs ? Un mail ou une recherche sur son ordinateur ou faite d’une médiathèque est archivée sur une année. Et-ce vrai ? Il suffit d’un mail en clair adressé à un opérateur quelconque pour qu’au moins vos méta-données soient conservées (nom du mail, objet, titre des pièces jointes). L’un des deux auteurs de Bienvenue Place Beauvau, Les secrets inavouables d’un quinquennat (Robert Laffont, mars 2017), Olivia Recassens, a découvert, alors qu’elle était convoquée par une commissaire de l’inspection générale des polices au ministère de l’intérieur, que celle-ci détenait une vingtaine de pages de son manuscrit (selon le témoignage qu’elle a donné à Secret d’info, sur France Inter, le 25 mars 2017). Autre journaliste : Camille Polloni. Il a fallu huit années de procès à celle-ci pour savoir qu’elle était fichée, et obtenir du Conseil d’état réuni en chambre spécial avec des juges habilités secret défense pour qu’un arrêt enjoigne à « la ministre des armées […] de procéder à l’effacement des données concernant Mme Polloni illégalement contenues dans les traitements de données nominatives de la Direction du renseignement militaire ». Pourquoi était-elle fichée ? Ses sources étaient-elles compromises ? Que contenaient ces fiches ? Elle ne le saura jamais. Elle avait fait fort, tout de même : être fichée à la Direction du renseignement militaire (la DRM). C’est le must, avec le DGSE. Elle avait le choix, pourtant : car il existe une cinquantaine de grands fichiers. Par contagion logarythmique, toutes les relations personnelles et familiales d’un activiste ou d’un lanceur d’alerte sont concernées. Y compris peut-être son Papa et sa Maman.

Pour faite l’expérience de ce blocage « systémique », j’ai donc demandé ma fiche à la Commission nationale informatique et liberté (le Défenseur des droits, en 2018 Jacques Toubon, n’étant pas habilité au contraire de ce qu’indique l’intitulé de son titre ; nous pouvons le regretter, d’ailleurs).

Réponse-type de la Commission Nationale Informatique et Liberté au fiché qui demande s'il est fiché.
Pierre-GillesBellin - livre de François Hollande CNIL2
Réponse type de la Commission Nationale Informatique et Liberté au fiché qui ne comprend toujours pas qu'on ne lui dira même pas qu'il est fiché, puique cela est "Secret-défense". © Pierre-Gilles Bellin
Le "Trou de souris" : ce n'est pas une fable, c'est l'expression qui courrait sur le seul espace qui restait à F. Hollande s'il voulait rester Président, ainsi que nous le conte RTL (voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=cSh1HxcoLfc) © Anouck Depeyrot (droit de reproduction : Pierre-Gilles Bellin)

En français moyen, que me dit-on là ? On s’est opposé à la communication de mon dossier ? Je redemande quelques précisions à Madame la présidente de la Cnil.

La réponse de la présidente me revient vite : le ministère de l’intérieur s’est opposé à que je connaisse le fait que j’étais ou non fiché. Ce qui ne veut pas dire que je suis fiché, puisqu’on s’oppose à la communication de tout dossier… que la personne concernée « soit ou non connue du fichier concerné ». Pour ma part, peut-être l’ai-je appris par d’autres voies, mais j’ai bien peur que le dire soit secret-défense. Le système est si verrouillé que même non fiché vous ne pouvez le savoir. Quand, non fichés, ne pourrons-nous plus le dire sans trahir le secret-défense ? Puisque le savoir suppose qu’on a du trahir le fameux secret. C’est orwellien : Orwell, voici l’auteur que devrait lire M. Hollande.

Et pour mes appels téléphoniques ? Suis-je tracé ? Je demande donc à la « Commission nationale de contrôle des techniques de renseignements » (sic). Réponse.

Là, j’ai laissé tomber : il ne sert à rien d’utiliser les voies légales pour connaître son dossier, que dissimule l’extension du domaine secret défense sous Monsieur Hollande, maintenue dans la loi par Emmanuel Macron. Contre une installation de lisier, une déchetterie dans la forêt, le saccage du bocage, des amis à moi pensaient (« bons pères de famille », simples citoyens engagés) qu’ils étaient écoutés à leurs infimes niveaux, et ce bien avant les lois sur le renseignement. Bref, le système s’est blindé contre toutes ses dérives…

Vous reprendriez bien un peu de glyphosate, Monsieur Hulot ?

Pierre-GillesBellin - glyphosate Monsieur Hulot

Vous reprendriez bien un peu de glyphosate, Monsieur Hulot ?

Tandis que le temps s’accélère face au changement climatique et à la destruction des espèces, Monsieur Hulot paraît dépassé par la stratégie médiatique des industriels et des poids lourds du gouvernement. L’homme semblait pourtant au fait des stratégies d’image. Naïveté, cynisme ?

Acte 1 : non sortie du nucléaire, EDF vole au secours du ministre Hulot

« C’est une erreur de casting », disait en 2003 Nicolas Hulot de Roselyne Bachelot lorsqu’elle fut nommée au ministère de l’écologie. Alors conseilleur de Jacques Chirac pour l’environnement, Nicolas Hulot jugeait ce président « imprégné de sincères convictions écologiques » (voir ici), même s’il regrettait sa « solitude » face aux lobbies de l’agriculture productiviste et du nucléaire. Comment gommer le désastre en termes d’image quand le ministre annonce le mardi 7 novembre que l’objectif de réduction ou sortie  du nucléaire est abandonné ? Dès le 11 décembre 2017, le Groupe EDF vole au secours de la communication énergétique du gouvernement Philippe : son PDG, Jean-Bernard Lévy annonce le « Plan solaire » du Groupe EDF. En termes de couverture médiatique, c’est le jack-pot , toute la presse spécialisée et généraliste est présente : le chiffre annoncé, 25 millliards, est énorme. Le PDG développe ensuite ses intentions dans Ouest France : « Avec 1,5 % de la production, cette énergie était marginale. A terme, ce sera 15 %, 20 %, 25 %. Le journal insiste sur les 35 milliards de dette du Groupe : « C’est une vraie préoccupation », reconnaît le PDG. La Cour des comptes estime à 80 milliards le « grand carénage » des centrales nucléaires, indique l’intervieweur. C’est moins, rassure le PDG : « Les investissements sur 2014-2015, c’est bien 48 milliards ». Différence : 32 milliards ! Et le PDG de préciser : « Nous avons réduit les coûts d’investissements du grand carénage de 13 % par rapport à ce que nous annoncions en 2014 » (soit seulement 48). Pour l’EPR de Flamanville, maintien des positions : « La situation s’est (même) améliorée ». « Ce sera bien une vitrine technologique ». Mais, entre les lignes, on comprend bien l’effet de ciseau dans lequel est pris le groupe : baisse structurelle du photovoltaïque, augmentation structurelle du nucléaire. Il faudrait un prix plancher à l’électricité non-carbone. La solution est trouvée : fixer un coût supérieur à la tonne de carbone, un « prix plancher pour le C02 », nous dit le PDG. Or, aujourd’hui, le coût de la tonne est de 5 dollars. Monsieur Macron voudrait le voir à 30. Les ONG, elles, préconisent 80, voire 120 dollars, l’idéal pour rendre définitivement non rentables le charbon et le fuel. Mais la création d’un grand marché du carbone ne peut être qu’internationale : en l’absence des USA, du Canada et de la Russie, une telle régulation est inenvisageable. Et ce d’autant plus que ces pays en partie au-delà du cercle arctique voient le réchauffement comme un atout. Jusqu’à présent, la décision puis la régulation étatique, ont imposé et protégé le nucléaire : immergé par le vœu même de l’état dans un contexte international, le Groupe EDF ne peut compter sur aucune régulation pour empêcher le scénario de la faillite. La seule solution serait de cantonner ses actifs quelque part dans un hors bilan, à l’image de ce qui a été fait pour la crise du Crédit Lyonnais. Plus que jamais, éviter le désastre climatique impose de faire disparaître le passif financier de la France.

En tout cas, en termes d’image, le baromètre Statista, pour BFM.com, le montre : Nicolas Hulot reste une des personnalités préférées des Français : 46 %, en remontée de  1 %. La remontée d’Emmanuel Macron est spectaculaire : + 9% ; + 11 % pour Edouard Philippe. 46è place dans le baromètre Journal du Dimanche/Europe1 , juste après Madame le Pen (et 34 pour Monsieur Macron). A l’évidence, Emmanuel Macron n’a pas fait d’erreur de casting en promouvant cette personnalité comme ministre ; les reniements de celui-ci semblent en plus montrer l’indifférence de l’opinion par rapport à l’écologie. Quel prix devra-t-on payer jusqu’à ce que cette dernière envisage l’importance de la crise biologique ? Il est clair que Monsieur Hulot, en reniant le rôle d’ambassadeur naturel qu’on lui avait attribué, participe à cette occultation. Et cela s’amplifie…

Pierre-GillesBellin - glyphosate Monsieur Hulot

19 mai 2016 : « A l’occasion de cet anniversaire, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme et EDF, partenaire fondateur, renouvellent leur engagement par la signature d’une nouvelle convention de partenariat pour une durée de trois ans. » Comme tous les Français, le Groupe EDF sait que Monsieur Hulot est « ministrable ». (Nicolas Hulot et Monsieur Lévy, président du Groupe EDF). (Pour le communiqué de presse complet : https://www.edf.fr/sites/default/files/contrib/groupe-edf/espaces-dedies/espace-medias/cp/2016/cp_20160519_fnh.pdf)

Acte 2 : vous reprendriez bien un peu de glyphosate ?

Etats généraux de l’alimentation : chef d’orchestre, Emmanuel Macron ; maître de ballet, Edouard Philippe. Dans le premier rôle, le ministre de l’agriculture « et de l’alimentation ». Nicolas Hulot n’ira pas à la journée conclusive. C’est l’occasion pour le commentateur de noter qu’entre juillet 2017 et décembre 2017, le fossé entre Stéphane Travert et Nicolas Hulot s’est profondément creusé. En juillet, les deux ministres affichaient encore à Versailles une unité de façade en lançant ces « états généraux », malgré une passe d’arme feutrée sur les insecticides tueurs d’abeilles. Ex socialiste frondeur, réélu député de la Manche, donc d’une circonscription plutôt rurale, pour Yannick Jadot « le discours deTravers est dicté par la FNSEA ». En effet, quand on focalise plus précisément, on voit le ministre se réjouir que l’autorisation du glyphosate ait été raménée à 5 ans, au lieu des 10 prévus, en omettant de dire son alignement complet sur la position allemande dénoncée comme agro-business. Si on lui fait remarquer que Monsieur Macron voulait trois ans, le ministre fait remarquer sur LCI : « Je n’y vois ni cafouillage ni quoi que ce soit d’autre (…). Si je n’étais pas soutenu, je ne serai pas là ce matin devant vous. » La seule constante du ministre de l’agriculture semble donc être son soutien aux pesticides. Sa position se renforce au fil des mois contre la position de Monsieur Hulot, si toutefois celui-ci en a une.

Acte 3 : aéroport de Notre-Dame-des-Landes, faire porter la communication d’une répression déjà planifiée à Monsieur Hulot ?

On sent bien là encore l’effritement de la position de Monsieur Hulot. Le ministre des affaires étrangères, Yves Le Drian, jette soudain son poids dans la balance des pro-NDDL. Monsieur Le Drian, c’est le poids des socialistes ralliés à En Marche dans le Grand Ouest ; poids sans lequel En Marche existerait difficilement seul dans cette région, qui est clé quand on analyse les votes régionaux Front national/Monsieur Macron aux présidentielles. Quant au porte parole du gouvernement et secrétaire général d’En Marche, Christophe Castaner, celui-ci déclare dans Le Parisien du vendredi 1er décembre : « 200 à 300 Zadistes se préparent au combat ». Et ce n’est pas le Journal du dimanche qui dira le contraire : dans « Les photos secrètes de la ZAD », il montre l’entrée d’un inquiétant souterrain qui servirait de repli aux Zadistes… Mais d’où viennent les photos ? Du journal ? Très vite, Libération les met en cause (voir ici). Pire, pour Arrêt sur images, il s’agirait de photos données par la gendarmerie elle-même (je pencherais pour cette hypothèse : dans l’une, on voit sur une image une collection de talkies-walkies, un ordinateur, des prises USB, etc., un plan de la zone et autres objets difficilement discernables typique des collections issues des perquisitions. On ne voit vraiment pas les Zadistes rassembler eux-mêmes ce tableau de chasse, ou un(e) journaliste le faire. Confronté à tout ceci, le JDD reconnaît que, eh non, les images ne viennent pas d’eux… Et de modifier le titre de l’article, qui devient : « Des photos de Notre-Dame-des-Landes qui inquiètent les forces de l’ordre ».Mais peu importe pour le train de l’information : des chaînes d’information en continue à France 5, des journalistes parfois presque effrayés reprennent les menaces que feraient peser les Zadistes sur l’ordre public.

Pierre-GillesBellin - ZAD faux documents secrets Hulot
Arrêt dur image : encore une émission-culte jetée du service public télévisuelle car elle dérangeait.

Conclusion

Nicolas Hulot se sentira-t-il contraint de démissionner si Notre-Dame-des-Landes reçoit l’aval d’Emmanuel Macron ? Que fera-t-il ce dernier choisit de préserver le bocage, mais de profiter de la présence de 200 ou 300 Zadistes pour se donner une image d’intransigeance sécuritaire ? Comment Nicolas Hulot peut-il accepter le soutien affiché par Monsieur Le Drian pour un aéroport à NDDL ? Dans la relation que nous entretenons avec notre planète, même le ministre des affaires étrangères semble avoir choisi de parler contre celle-ci, enfermé dans des références d’un autre temps. Le pion Hulot semble être tombé, si vite qu’il ne s’en est pas encore aperçu. Sur tous ces dossiers que le ministre actuel de l’écologie paraît incapable de gérer, sommes-nous condamnés au court terme et à la violence ?

Pierre-GillesBellin - Notre-Dame-des-Landes répression Monsieur Hulot
« Surveiller, se cacher, blesser, communiquer » : tel est l’un des sous-titres du Journal du Dimanche qui surmonte la photo présentant une collection hétéroclite d’objets. La phrase semble issue du manuel d’instruction d’un service de répression. Pourquoi ne pas ajouter « tuer » ? Après tout, à Sivens… Pourquoi ne pas présenter aussi des témoins cachés derrière un rideau et qui réciteraient le même texte écrit par le ministère de l’intérieur ? C’est quoi ce journalisme ?
Pierre-GillesBellin - ZAD driant soutien
Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères de Monsieur Macron : l'Europe restant impossible à faire, et la nature restant étrangère au Quai d'Orsay ?

La vacance de Monsieur Hulot

Pierre-GillesBellin - La vacance de Monsieur Hulot

La vacance de Monsieur Hulot

 La loi de 2015 sur la transition énergétique l’annonçait : « la politique énergétique nationale a pour objet de réduire la part du nucléaire (…) à 50 % à l’horizon 2025 ». Novembre 2017 : sous le regard de Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, Nicolas Hulot le lâche : on oublie ce pan de la loi. Mais derrière, la France paraît renoncer à la transition énergétique. Explications.

Retour dans le futur

2006 : sortie du Pacte écologique, de Nicolas Hulot. L’une des idées-phares du fondateur de la Fondation du même nom, c’est notamment l’idée de créer un vice-Premier ministre pour l’environnement. Celui qui fera signer ce pacte à la plupart des candidats aux présidentielles de 2007 contre la renonciation à sa candidature pourrait-il être ce vice-Premier ministre, lui demande David Pujadas dans son 20 h du 6 novembre ? Réponse de l’écologiste : « − Il faudra à ce poste-là quelqu’un qui ait une solide expérience institutionnelle. » − « C’est-à-dire ? » (D. Pujadas) − « En l’occurrence un autre profil [que le mien], et je pense qu’à gauche et à droite il y a des gens tout à fait capable de remplir cette mission. » C’est stupéfiant de réécouter cela aujourd’hui.

Pierre-GillesBellin - La vacance de Monsieur Hulot
Premier gouvernement Philippe : mine réjouie de François Bayrou, qui sera démissionné peu après. Mains croisées, regard vers le sol : le ministre d'Etat Nicolas Hulot, qui fait rang avec Edouard Philippe et le ministre de l'intérieur, paraît un peu absent. © Droits réservés

Nicolas Hulot aux présidentielles de 2012 : écologiste, oui, candidat d’Europe écologie les verts (EELV), non

Extrait des réponses aux questions des militants au candidat à la candidature d’EELV aux présidentielles de 2012 (ce sera Eva Joly qui l’emportera, en interne du moins). Nicolas Hulot : « Parlons simplement de ma propre position sur le nucléaire. J’ai entendu dire que j’avais changé d’avis. Alors moi je vais vous dire comment je fonctionne : il y a des sujets sur lesquels j’ai des avis tranchés, instantanés. Il y a des sujets sur lesquels je mets plus de temps à avoir un avis tranché. Parce que c’est parfois facile d’être comme ça dans des visions immédiates (…) mais moi j’avais en tête une chose, c’est que la crise climatique est ce que considère être la crise majeure (…) Je n’ai jamais été un pro-nucléaire, j’ai été plutôt nuancé (…) Fukushima pour moi c’est la démonstration de trop. Parce que moi j’ai une idée de la civilisation qui est la suivante : évidemment que nos sociétés doivent prendre des risques, mais si on est plus capable de… comment dire ? Maîtriser dans le temps et dans l’espace les conséquences d’un risque, c’est là que pour moi s’arrête l’acceptable. Et si je n’étais pas convaincu au moment où je vous parle qu’on peut en sortir, et que on peut en sortir sur un laps de temps qui restera à discuter, disons à l’échelle d’une génération au maximum, et qu’on a tout intérêt y compris économiquement, au-délà des risques (…). Non moi je pense qu’il faut qu’on sorte d’un principe qui a dominé dans nos sociétés, de deux principes d’ailleurs, le principe économique et le principe technologique… Le principe technologique c’est que jusqu’à présent tout ce qu’on savait faire on le faisait… sans l’évaluer par un  processus démocratique, sans savoir la pertinence, en gros si cette technologie ou ce saut technologique participaient à améliorer la condition humaine.   C’est un changement de paradigme, je pense il faut aussi donner aussi un sens à la technologie,  et je pense que le nucléaire n’a plus de sens aujourd’hui. » (voir ici).

Nicolas Hulot « ministre ‘‘ d’état ’’ de la Transition écologique et solidaire » : pas un mois sans renonciation

Seul ministre d’état excepté celui de l’intérieur, Nicolas Hulot n’a pas connu un seul mois sans renonciation. Ministre d’état, c’est un titre, non une fonction. Il n’a aucun pouvoir hiérarchique sur l’agriculture, par exemple ; autre exemple, plus cruel, son autorité nominale sur les transports est une fiction. Naïveté ? Temps forts :

̶  Absence d’empathie ? Pour le centre d’enfouissement de déchets radioactifs de Bure, Nicolas Hulot a-t-il dénoncé quelquepart les violences policières contre les militants pro-nature ? En tout cas, je n’ai pas trouvé. A-t-il plaidé pour un peu plus de « douceur » auprès du ministre de l’intérieur (ou ce dernier a-t-il instrumentalisé les débordements pour l’affaiblir ? Des cadres dans la sécurité ont-ils décidé de se « faire l’écolo » ?) A Bure, dans la zone du centre d’enfouissement des déchets nucléaires, la population contre ce projet doit répondre à une forme d’oppression inadmissible : https://www.mediapart.fr/journal/france/200917/bure-ils-pointaient-leurs-armes-droit-sur-nous. Par Jade Lindgaard. Près de 150 gendarmes ont mené plusieurs perquisitions visant des opposant.es au projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires mercredi 20 septembre. Les militant.es dénoncent une opération disproportionnée et témoignent d’une pression policière constante. A mon sens, Nicolas Hulot devait dire non : sans réaction, il donne le permis de continuer. Mais il divorce alors de la masse des militants sur le terrain.

− L’agriculture bio : avec le boom des conversions en bio (32 264 fermes, + 12 % en 2015), il manque 600 millions pour financer les aides au maintien et les aides à la conversion pour 2018, 2019 et 2020. La bio, 6,5 % de la surface agricole utile, 7,3 % des exploitations, 10,8 % des emplois, reçoit 5 % des aides européennes. Voir ici la manifestation à Rennes.

− Le glyphosate : les autorisations européennes étant données pour dix ans, que veut dire une autorisation de « trois ans » ? Tweet de Corinne Lepage : Pipeau !! La décision est européenne et se fait sur10 ans,pas 5.Incompétence évidente. Jusqu ou les mesures contre la sante et le climat ??? https://t.co/Zsipx6kIkJ — Corinne Lepage (@corinnelepage) September 25, 2017

Pierre-GillesBellin - La vacance de Monsieur Hulot
La Bretagne a ceci de particulier qu'elle vous met facilement face à vos contradictions. Ici, Nicolas Hulot photographié au salon de Guichen près de Rennes.

− L’échec de la COP 23 : le président de la république le dit lui-même : « le seuil de l’irréversible est franchi ». Dans leur lettre lettre ouverte dans Biosciences, 15 000 scientifiques de 184 pays sont en tout cas désormais convaincus de l’effondrement inéluctable de la biodiversité. De manière concrète, où est le ministre sur ce sujet ?

L’inertie d’un système : est-ce fichu ?

Le graphique « La convergence des crises » ci-dessous montre que si la France souhaite s’engager dans une transition bio-énergétique, elle se heurte à un mur financier (il faudrait qu’elle multiplie par deux son endettement actuel) :

Pierre-GillesBellin - La vacance de Monsieur Hulot
Pour éviter le mur financier d'un endettement public croissant, le mieux est de prolonger le plus possible des centrales nucléaires qui présentent l'avantage d'être amorties financièrement. Selon la Cour des comptes, la prolongation de la durée de vie des centrales de 10 ans en 2014 entraîne à elle seule une baisse des provisions au bilan comptable de 3,3 milliards d'euros, et ainsi de suite si on les prolonge encore. La hausse du résultat entraînée par cette prolongation est estimée à elle seule entre 500 et 700 millions d'euros par an. Cela permet de supporter l'augmentation en cours du devis pour Bure... mais le mieux serait alors de repousser Bure. EDF échappe pour un temps à la faillite, ainsi qu'Areva. Sur les tranches anciennes, le coût du Mwh est de 60 euros, et sur l'EPR de 114 euros (les bio-énergies devenant concurrentielles par rapport à celui-ci). D'une manière générale, les coûts d'exploitation sont en forte hausse (+ 20% de 2000 à 2013). Un accident nucléaire majeur coûterait 450 milliards d'euros, médian 120 milliards : il faut donc provisionner ce risque au minimum pour maintenir la rentabilité d'EDF.

En effet, pour réussir une transition, le besoin de financement du pays augmente, voire double : l’échec du nucléaire, la nécessité d’investir dans les énergies renouvelables, le coût du passage du parc automobile à l’électrique, l’isolation des logements double le besoin de financement du pays. Ne sont pas pris en compte dans ce graphique les investissements dans la biodiversité… Si l’on veut que l’agriculture industrielle respecte celle-ci, il y a une baisse des rendements d’une quinzaine de pour cents, compensable par la réduction de la consommation de viande. N’est pas pris en compte le coût des catastrophes naturelles (exemple : les 4 milliards du cyclone à Saint-Martin).

A part l’image de Monsieur Hulot, quelles conséquences ?

La prolongation des centrales nucléaires résout une partie de l’équation du sur-endettement (à court terme : en 2020, selon la banque Morgan Stanley  ̶  août 2017 −, charbon, gaz, nucléaire coûteront plus chers que l’éolien et le photovoltaïque). Nous n’avons pas les moyens d’une transition énergétique, et la situation actuelle souligne à quel point la loi votée sous Hollande était creuse, la réussite diplomatique de la COP 21 non concrétisable. Quant à la biodiversité, elle ne bénéficie que de faibles incitations, et de bien peu d’imagination institutionnelle : il y a peut-être trop longtemps que nous vivons hors sol dans des environnements artificialisés. Circonstance aggravante, l’élection de 2017 s’est faite pour ou contre l’extrême-droite, et non sur l’enjeu climatique. Le ministre de l’écologie a donc bien peu de légitimité. En outre, les mouvements sont si rapides, ses équipes si peu étoffées, que tout ne peut le porter qu’à de nouvelles renonciations. Monsieur Hulot est instrumentalisé par une pédagogie exactement inverse de celle qu’il a porté, et à mon avis il lui sera impossible d’apporter des correctifs à la dégradation de son image. Il a proclamé ce que l’on attendait, qu’il fallait maintenir le nucléaire, et désormais il doit paraître bien inutile aux yeux de certains au gouvernement, et peut-être même à ses propres yeux. Pour la décennie qui vient, sa renonciation servira contre tous les anti-nucléaires. C’est le pire dans ce piège, incroyablement malin, car la plupart des gens n’iront pas voir plus loin. Telle est la raison du broyage de cette icône médiatique par la real-politik. Au-delà, est-ce le signe de la mise en place pragmatique d’un marché de l’effondrement, du chaos, sur fond d’une dette publique dont on sait qu’elle ne sera jamais soldée, d’un accident nucléaire dont on sait qu’il ne sera jamais payé ? Tout semble possible.

Législatives : la 3e circonscription d’Ille-et-Villaine restera-t-elle hollandiste ?

Pierre-GillesBellin - Législatives 3e circonscription Ille-et-Villaine

Législatives : la 3e circonscription d’Ille-et-Villaine restera-t-elle hollandiste ?

Dans la victoire aux présidentielles de Monsieur Macron, la Bretagne occupe une place majeure : entre partis politiques et mouvements citoyens, comment la troisième circonscription d’Ille-et-Villaine illustre-t-elle les mutations actuelles ?

Retour dans le futur

2006 : sortie du Pacte écologique, de Nicolas Hulot. L’une des idées-phares du fondateur de la Fondation du même nom, c’est notamment l’idée de créer un vice-Premier ministre pour l’environnement. Celui qui fera signer ce pacte à la plupart des candidats aux présidentielles de 2007 contre la renonciation à sa candidature pourrait-il être ce vice-Premier ministre, lui demande David Pujadas dans son 20 h du 6 novembre ? Réponse de l’écologiste : « − Il faudra à ce poste-là quelqu’un qui ait une solide expérience institutionnelle. » − « C’est-à-dire ? » (D. Pujadas) − « En l’occurrence un autre profil [que le mien], et je pense qu’à gauche et à droite il y a des gens tout à fait capable de remplir cette mission. » C’est stupéfiant de réécouter cela aujourd’hui.

Pierre-GillesBellin - Législatives 3e circonscription Ille-et-Villaine
Détails des circonscriptions
Dans la victoire aux présidentielles de Monsieur Macron, le ralliement de la Bretagne est majeur : à l’occasion des Législatives, le vote de raison pour Emmanuel Macron semble s’être changé en un vote d’adhésion, certainement en partie parce que sa jeunesse, calme et souriante, s’est imposée à Messieurs Poutine et Trump, qu’il s’est mis à incarner au plan mondial le nouveau leadership européen sur la COP 21 et a esquissé un pas vers la fin de l’état d’urgence (pour ma part, je considère qu’il ne faut jamais préjuger et attendre).

Cependant, la situation dans cette circonscription est riche d’enseignements, car elle illustre les fractures qui parcourent notre peuple. Ici, c’est un candidat ex-« hollandiste » qui risque de profiter de gauches régionales partisanes divisées et de mouvements citoyens émergents, divisés et en questionnements. Comment ces questionnements peuvent-ils augurer de la législature qui va commencer, comment Monsieur Macron les accompagnera-t-il éventuellement, gérera-t-il le clivage entre politiciens et citoyens, le risque de bascule qui l’accompagne ? Et, bien sûr, comment le mouvement citoyen conservera-t-il sa dynamique locale ? C’est pourquoi le cas de la troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine dépasse son champ géographique.

Les résultats électoraux de 2012 à 2017

Lors des législatives de 2012, l’actuel député sortant François André alors « PS » l’avait emporté avec 59 % des suffrages exprimés. Au premier tour, il réunissait 45% de ceux-ci, et le reste de la gauche environ 10 %, Ecologistes devant, Front de gauche tout de suite après (représenté par un communiste). (https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Legislatives/elecresult__LG2012/(path)/LG2012/nuances.html). L’abstention, les blancs et les nuls représentaient environ 40 %.

Aux présidentielles de 2012, en Ille-et-Villaine et au premier tour, le PS atteignait 32 %, le Front de gauche près de 11 %, les écologistes 3 %, l’extrême-gauche 2 % (abstentions, blancs et nuls : 17%). Aux présidentielles de 2017, au premier tour, Emmanuel Macron arrivait en tête avec 30 % des voix, M Mélenchon en avait 20 %, Benoît Hamon 9 %, l’extrême gauche 2 %. Au deuxième tour de la présidentielle de 2012, les abstentions, blancs et nuls représentaient environ 20 % et, en 2017, près de 30 %.

Les forces en présence : François André, la permanence du « hollandisme » ?

Le député sortant n’a pas répondu à ma demande d’interview. Cependant, son secrétariat  m’a contacté aimablement pour me dire qu’il avait égaré mes mails, et j’ai indiqué que j’étais diposé à faire son interview au second tour, mais sur les exceptions à l’état de droit et en orientant les questions vers celles que posent Michel Deléan, Jérôme Hourdeaux, Mathieu Magnaudeix et Ellen Salvi sur ce même site ce jour (jeudi 8 juin 17). « Etat d’urgence: le gouvernement veut faire de l’exception la règle ». (https://www.mediapart.fr/journal/france/070617/etat-durgence-le-gouvernement-veut-faire-de-l-exception-la-regle). Le gouvernement n’ira peut-être pas au bout de son projet, selon les réponses juridiques qui lui seront faites, mais il a ouvert le débat devant l’optinion.

Ce sera donc sans son concours que je vais tenter de le présenter : François André, aussi conseiller départemental (http://www.ille-et-vilaine.fr/fr/article/l-assemblee-departementale-qui-fait-quoi), a rallié Monsieur Macron et on a vu cet élu d’une circonscription semi-rurale accompagner ce dernier au Salon de l’agriculture. Il s’est donc vu préférer par ce dernier aux candidats naturels d’En Marche, et je pense vraisemblable de supposer qu’il doit d’être candidat au ralliement de Monsieur Le Drian. Sur le plan local, c’est un député de terrain dont le compte twitter rend bien compte de la liste des inaugurations, par exemple (https://twitter.com/FrancoisAndre35).

Sur le plan de son action au Parlement, il a été membre de la Commission de la défense (voir le rapport auquel il a participé, déposé le 11 septembre 2013, et qui est un bon état des problèmes du moment, avec les limites obligées de cet exercice. Le rapport souligne la « disette » pour la défense). Puis il est membre de la Commission des finances. Dans le cadre de son mandat (puis de son programme), il défend la majorité présidentielle (F. Hollande, puis E. Macron), soutient l’Euro, l’intégration européenne, la réforme du code du travail, etc. Dans le cadre de son action parlementaire, il interroge sur les conséquences du traité Tafta pour les agriculteurs (et prend position contre), soutient sans équivoque l’agriculture industrielle (sur laquelle il veut réduire le poids des normes environnementales). Il pose un certain nombre de questions au Parlement : monnaies locales, porcs encore, méthanisation, etc. (une question n’a pas forcément d’impact juridique : je connaissais un parlementaire qui posait pratiquement toutes les questions que vous vouliez). Sa déclaration d’intérêt est sans équivoque, la liste de ses assistants parlementaires ne montre pas qu’il ait embauché des proches.

A mon sens, les mouvements citoyens qui sont apparus en 2016 posent la question de l’évolution institutionnelle locale et nationale. Ces questions-clés sont la transparence, l’existence de contre-pouvoirs, le non-cumul des mandats, à la lumière du défi jeté aux démocraties par le terrorisme et les états autoritaires. Quelles positions a pris le candidat François André sur ces sujets ? En commençant ce travail, avant de faire ma demande d’interview, j’avais fait alors plusieurs captures d’écran sur le site de Monsieur André. Je les ai donc complétés par d’autres liens. Quand je ne trouve rien, je le dis.

– Quel est le vote de François André par rapport à la loi El Khomry ? Les votes ne sont pas nominatifs. Donc je ne sais pas. En tout cas, selon Ouest France du20/05/2016, le député sortant prend position contre les frondeurs, dont Benoît Hamon : Titre de l’article : Affronter le réel plutôt que fronder.

– Quelle est la position du député sortant sur la déchéance de nationalité ? « Rennes, le 5 janvier 2016. Oui à la révision de la Constitution. Je voterai sans réserve le projet de loi de révision constitutionnelle présenté suite aux attentats de Paris du 13 novembre dernier. (…) Quant au tintamarre relatif à la déchéance de nationalité, de quoi parle- t-on ? Elle concerne exclusivement des citoyens bi-nationaux condamnés par la justice pour terrorisme (…). Voir aussi Ouest France du 17 novembre 2015 : Trois députés brétiliens commentent le congrès de Versailles. « A l’ensemble de ces réformes j’apporte mon entier soutien », dit Monsieur André.

C’est prendre parti, mais je défends d’abord les libertés publiques et j’ai voulu mettre en face la réaction de la Ligue pour des Droits de l’homme : http://www.ldh-france.org/refusons-decheance-nationalite-constitutionnalisation-letat-durgence/

– Quelle est la position de François André sur les états d’urgence (5 sous Monsieur Hollande) ? « Paris, le 18 novembre 2015. Assaut à Saint-Denis et prolongation de l’état d’urgence. Le travail remarquable de la police judiciaire ainsi que le courage et la bravoure des policiers du RAID et de la BRI ont permis de mettre hors d’état de nuire des individus liés aux attentats de vendredi dernier. Mais, chacun le comprend, le combat ne fait que commencer. Ce jeudi, nous prolongerons l’état d’urgence afin de doter les autorités publiques de la durée et des moyens nécessaires ». Je mets en lien l’un des mes propres billets sur Media Part (https://blogs.mediapart.fr/pierre-bellin/blog/210117/comment-francois-hollande-integre-le-logiciel-de-l-extreme-droite) et un article des Echos ainsi que de Mediapart sur l’efficacité des mesures prises : https://www.lesechos.fr/19/07/2016/lesechos.fr/0211140012615_l-efficacite-de-l-etat-d-urgence-mise-en-cause.htm ; https://www.mediapart.fr/journal/france/010316/les-patrons-des-dgse-et-dgsi-sceptiques-face-la-reponse-securitaire.

https://www.20minutes.fr/rennes/1783867-20160210-etat-urgence-justifier-absence-depute-breton-envoie-certificat-medical Publié le 10/02/16 à 11h59/Mis à jour le 10/02/16 à 12h02/ « Lundi soir à l’Assemblée Nationale, les députés français se sont penchés sur l’inscription de l’état d’urgence dans la Constitution/ « Selon l’analyse du scrutin, trois députés d’Ille-et-Vilaine ont pris part au vote. Marie-Anne Chapdelaine et François André (PS) ont voté pour et Gilles Lurton (Les Républicains) s’est prononcé contre. »

– Quelle est la position du député sortant sur Notre-Dame-des-Landes ? Il est favorable à cet aéroport. Cela n’a rien pour m’étonner : quand j’avais été le voir début 2014 pour empêcher un projet de stade olympique en forêt de Trémelin, et le convaincre… de convaincre les notables locaux d’y renoncer, il m’avait dit ne rien pouvoir faire.

Oui au transfert de l'aéroport de Nantes Atlantique

 « François ANDRÉ se félicite des résultats de la consultation sur le transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique dans la commune de Notre-Dame-des-Landes organisée le dimanche 26 juin : « Par ce vote, les habitants de Loire-Atlantique donnent, de façon claire et nette, l’ultime feu vert démocratique à un projet d’intérêt général, porté par des collectivités elles-mêmes démocratiquement élues. Merci et bravo à eux! ». A cela s’ajoute sa position sur Ouest France après le référendum (capture d’écran, article non daté).

– Quelle est la position de François André sur le cumul des mandats : « Le 23 novembre 2015. Pour la France et pour la Bretagne avec Jean-Yves Le Drian. Les récents attentats de Paris ont bouleversé tous nos compatriotes. En Bretagne, nous connaissons tous des familles qui ont perdu un parent, un proche, un collègue, un ou une ami-e. De nombreux concitoyens dans la peine nous ont fait part très directement de leur tristesse de voir reprendre sans décence des querelles politiciennes sur l’engagement de Jean-Yves Le Drian aux prochaines élections régionales en Bretagne. C’est pourquoi, parlementaires bretons de la majorité, députés et sénateurs, nous appelons à la dignité, à la retenue et au respect dans le débat démocratique de la campagne électorale régionale. Dans cette période particulièrement troublée, J-Y Le Drian, en capitaine courageux, remplit une mission essentielle au service de la sécurité de tous. Sa compétence et son dévouement sont d’ailleurs unanimement reconnus dans notre pays. Simultanément, il a à juste titre décidé de respecter son engagement envers les Bretonnes et les Bretons de briguer la présidence du Conseil régional de Bretagne, entouré par une équipe compétente et très investie dans tous les sujets de notre région. Dans ce contexte, nous tenons à affirmer solennellement notre totale solidarité avec Jean-Yves Le Drian dans le travail qu’il accomplit pour la France, comme notre total soutien dans son engagement constant pour la Bretagne. » Patricia Adam – François André – Nathalie Appéré – Jean-Luc Bleunven – Maryvonne Blondin – Yannick Botrel – Gwenegan Bui – Marie-Anne Chapdelaine – Corinne Erhel – Richard Ferrand- Chantal Guittet- Odette Herviaux- Gilbert Le Bris – Viviane Le Dissez – Annie Le Houerou – Annick Le Loch – Jean-Pierre Le Roch – Michel Lesage – François Marc – Jean-René Marsac – Paul Molac – Hervé Pellois – Sylvie Robert – Marcel Rogemont – Gwendal Rouillard – Jean-Louis Tourenne – Jean-Jacques Urvoas.

Au total, ces captures d’écran montrent que Monsieur André est davantage sécuritaire que Monsieur Emmanuel Macron en ce qui concerne les libertés publiques et reste ouvert aux projets type Notre-Dame-des-Landes.

Au plan local, la troisième circonscription fait front à plusieurs problèmes : le coût de traitement des ordures ménagères ; l’implantation d’un centre de tri de déchets au centre de la forêt de Brocéliande ; une installation de retraitement de lisier au permis invalidé en Conseil d’Etat ; les pollutions agricoles ; le coût des transports ; les nombreuses limites à l’activité locale des toutes petites entreprises ; le délaissement des centre-villes ; le coût de l’énergie. Etc. Sur ces sujets, je n’ai vu aucun écrit ou déclaration de François André, mais je n’ai peut-être pas poussé assez loin le travail. Je garde donc pour moi mon impression.

La gauche locale et les mouvements citoyens de gauche : forces en présence et résumé des programmes

J’ai interrogé presque tous les candidats classés à « gauche », à partir du moment où les résultats d’élections passées leur donnaient le plus de poids. Je souligne qu’aux législatives présenter un candidat permet à nombre de partis continuer à exister, grâce à la contribution de l’Etat par électeurs (1,43 euros). Et ce n’est pas pour juger.

Sur 12 candidats de le troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine, j’ai interrogé Virginie Abautret (France insoumise), Gaëlle Rougier (Europe Ecologie Les Verts, EELV), Yannick Nadesan (PCF), Mathieu Guihard (Parti breton) et Dylan Epinat (UDB, Régionaliste). J’ai eu avec eux des échanges plus que des interviews proprement dites : je voulais comprendre qui ils étaient, ce qui les opposait ou les rassemblait. Tentative de rendre compte de l’essentiel de ces conversations, sans prétendre à l’exhaustivité.

Unanimité, d’abord : les candidats dénoncent pêle-mêle l’étiquette actuelle de François André, PS devenu En Marche, sa dénonciation des frondeurs du Parti socialiste, son refus donc de rallier Benoît Hamon, la loi El Khomry, le 49.3, etc. Vision identique des libertés publiques et tentations sécuritaires : France insoumise a même signé la charte d’Anticors, une association anti-corruption que je suis personnellement depuis longtemps. Si on regarde enfin les programmes des 5 structures, on y décèle de nombreux points communs.

Quelles sont alors l’origine des divisions ?

Commençons par les mouvements régionalistes. Ceux-ci font partie de regroupements plus larges : Dylan Epinat est membre de l’Union démocratique bretonne (UDB), alliée sur un plan national avec « Mouvement peuples solidaires », regroupant les autonomistes bretons, catalans, corses, basques, savoyards, sous l’étiquette (en Bretagne) « Oui la Bretagne ». Mathieu Guihard appartient au Parti breton, sous l’étiquette « Bretagne 100 % », déclinaison d’un mouvement plus vaste où l’on trouve de nombreuses structures chapeautées par l’Alliance écologiste indépendante (Monsieur Gouvernatori), du Parti fédéraliste à la Confédération maritime (pour résumer beaucoup). Dylan Epinat est autonomiste ; Mathieu Guihard est « indépendantiste », mais d’un indépendantisme mesuré : par exemple, aurait-il envisagé l’indépendance de la Bretagne si Madame Le Pen était arrivée au pouvoir ? Non. Les deux structures, « girondines » et non « jacobines », revendiquent des structures au plus près de la réalité en Bretagne, s’inscrivent dans la réflexion des mouvements citoyens opposés à un gouvernement par le haut. Le candidat du Parti breton m’a fait savoir son regret de ne pas s’être allié avec l’UDB. Cela serait-il pour autant possible ? Il a insisté sur son souhait de dépasser le clivage droite-gauche, tandis que l’UDB et son candidat revendiquaient leur ancrage à gauche… mais lui aussi. Ils sont tous deux écologistes, pour une réunification de la région bretonne, une démocratie locale fondée sur la séparation des pouvoirs, le non-cumul et la limitation des pouvoirs, la représentation citoyenne dans toutes les instances, la possibilité de vivre et travailler au pays.

Dans les candidats, les seuls à exercer des responsabilités publiques sont ceux du Parti communiste (plus exactement du PC-Front de gauche), Yanick Madesan (président du syndicat de l’eau côté bassin rennais) d’EELV, Gaëlle Rougier (co-présidente du groupe d’EELV à la mairie de Rennes, en charge de la jeunesse, ancienne conseillère régionale). De ces deux côtés, mêmes regrets de ne pas faire front commun.

EELV ou le PCF-FG, à la différence des mouvements soutenant Monsieur Mélenchon ou Macron, m’avaient semblé des partis, non des « mouvements ». On m’a d’abord rappelé avec malice que ces mouvements étaient inscrits en tant que partis politiques. Mais EELV ? Comment gèrent-ils au plan local la trahison d’Emmanuelle Cosse, par exemple ? Ou le fait que leur pré-candidat passé, Nicolas Hulot, soit à présent ministre de l’environnement (c’était finalement Eva Joly qui l’avait emporté en interne contre lui aux présidentielles de 2012) ? J’ai constaté, une fois de plus, qu’il n’y avait guère de point commun entre EELV-parti parisien et EELV en région. Gaëlle Rougier a bien volontiers reconnue que le message de « l’écologie politique » était brouillé : « Il faut absolument travailler à l’union des gauches écologistes durant ce mandat… car le risque sera alors Madame Le Pen dans cinq ans ». Au Parti communiste-Front de gauche, même discours d’union : « Nous n’avons jamais réussi à nous allier avec la France insoumise, ou plutôt avec sa direction qui est pilotée par les gens du Parti de gauche… Ils nous disent que la seule façon de s’allier est d’adhérer ». Le candidat poursuit : « Mélenchon a tenté un pari, quelque chose de plus profond… Nous avons eu un débat au PC un peu difficile sur lui, car nous savions qu’on se retrouverait dans la situation d’aujourd’hui… On pensait que Mélenchon était le meilleur candidat, mais qu’il fallait un accord politique… et ça n’a pas eu lieu… la situation s’est préparée telle qu’elle est devenue depuis des mois… une part du talent et la raison de la bonne campagne de J.-L. Mélenchon sont qu’il a mis de côté le ‘‘bruit et la fureur’’, a mené une campagne déterminée et ouverte… il aurait dû continuer le soir du premier tour des présidentielles dans la même veine…et maintenir la mobilisation jusqu’aux législatives. On a perdu la dynamique à ce moment ».

Allons donc voir côté France insoumise : la candidate se nomme Virgine Aubatret, j’ai constaté leur implantation dans le canton, comme à Montfort où ils semblent rivaliser en nombre avec les socialistes locaux. Madame Aubatret n’est pas encartée, ainsi que la plupart des personnes que j’ai rencontrées. Que pensent-ils de la personnalisation par rapport à Monsieur Mélenchon ? Ils sont unanimes à souligner qu’il s’agit du programme qui les réunit. « La gauche plurielle a échoué », me dit-on, « le Front de gauche a échoué, la France insoumise va bien au-delà des gauches, la France insoumise est un ‘‘mouvement’’». Et les alliances ? Il suffit d’entrer dans le mouvement. Et, de ce point de vue, un adhérent a rappelé le rapport avec le mouvement En Marche de Monsieur Macron, versus anti-libéral.

Essayons de conclure…

Il faut prendre mes propos vraiment comme une esquisse.

On a le sentiment d’une plante en croissance, qui part de sa racine en tous sens. Tout est vrai en même temps, de vraies difficultés rendent difficiles un regroupement, et en même temps on sent chacun porté par un besoin de rassemblement, d’expression, de démocratie, de justice sociale. Les interrogations transcendent partis et mouvements. On me parle chez certains candidats de membres d’En Marche avec sympathie (peut-être ceux venus de la démocratie chrétienne… pour faire historique) ; de leur côté, des gens d’En Marche font grise mine devant le choix de François André, mais le soutiennent au moins par le silence jusqu’à ce que…. Cela rappelle un peu François Bayrou en 2007. Tous se demandent comment prolonger cette dynamique : au plan national, elle semble hésiter ; au plan local aussi. Mais on sent qu’elle se fera : « Il nous faut plus de temps pour réfléchir », reconnaît-on par exemple à la France insoumise quand je demande comment se concrétiserait une démocratie locale réelle. Et si ce bouillonnement constituait une sorte de base sociale ? Qui, selon l’évolution de la situation, peut se dérober aussi vite qu’elle est venue, tant sous les libéraux que sous les anti-libéraux. Des leaders l’incarnent, qu’il s’agisse de Monsieur Macron ou de Monsieur Mélenchon : mais il suffit d’une toute petite erreur pour que la dynamique se perde, ou revienne par un autre biais. De son côté, Jean-Luc Mélenchon aurait-il déjà fait une telle erreur ? Peut-être. Et Monsieur Macron ? En tout cas, je ne la souhaite à personne. « Ce qui pourrait se passer dans cinq ans » est dans tous les esprits.

Or, sur le plan local, du moins dans le canton de Montfort-sur-Meu, il faut rappeler que nous avons eu un mouvement citoyen, sans réel leadership, en réseau et purement programmatique.

En 2015, aux « Départementales », l’UDB et EELV ont fait 15 % des voix contre les Radicaux de gauche et le PS dans le canton de Montfort-sur-Meu : mais cela aurait pu être bien davantage. Notre mouvement citoyen sur Iffendic et Saint-Gonlay (Communauté de communes de Montfort), allié au départ avec l’UDB et EELV, avait contacté le Front de gauche, le Parti pirate, le PC ; mais nous n’avons pu donner suite car l’alliance Mouvement citoyen-partis n’a pu se faire. Comme me l’a dit un membre de la France insoumise, pas au courant du Pourquoi ?, il était encore peut-être trop tôt dans nos fonctionnements pour un tel regroupement (c’est aussi en partie lui qui a inspiré mon analyse, merci). Côté Mouvement citoyen, nous n’avions pas fait de liste afin que la gauche pèse d’un poids significatif devant les Radicaux de gauche et le PS, même si cette gauche était « réduite » à l’UDB et EELV (ce qui a empêché Radicaux de gauche-PS de l’emporter dès le premier tour, et donné lieu à un bel échange par communiqués de presse interposés sur la notion de « gauche »).

En 2014, une poignée d’élus d’Iffendic et Montfort communauté ont voulu imposer à la population un stade olympique près du lac de Trémelin, en pleine campagne, qui a finalement trouvé une place à Montfort. Cela a suscité une énorme opposition citoyenne, en raison d’une façon de faire jugée coûteuse, opaque, impériale. Deux listes citoyennes, apolitiques, improvisées à la dernière minute ont réuni 27 % des voix à Iffendic (ou il y a encore 3 élus citoyens) et 40 % à Saint-Gonlay.

Liens : https://blogs.mediapart.fr/583385/blog/040617/linenarrable-histoire-du-contre-projet-au-stade-de-tremelin-en-broceliande

Ceci pour dire que l’avenir est désormais très ouvert.

Liens site des candidats :

France Insoumise (Virginie Aubatret) : https://lafranceinsoumise.fr/

Europe-Ecologie les Verts (Gaëlle Rougier) : http://eelv.fr/

Et les autres :

En Marche (Frédéric François) : https://en-marche.fr/

Lutte ouvrière (Benoît Guillet) : https://www.lutte-ouvriere.org/

Nouveau parti anticapitaliste (Sophie Planté) : https://npa2009.org/

Le « Guide des Indivisibles » : le Guide de la Résistance à tous les fascismes

Pierre-GillesBellin - Le Guide des Indivisibles

Le "Guide des Indivisibles" : le Guide de la Résistance à tous les fascismes

A tous les lecteurs de ce site, je confie ma libre traduction du « Guide des Indivisibles », guide anti-Trump des assistants parlementaires des Congress-men américains battus par celui-ci, d’abord pour empêcher une vague brune de nous submerger, puis comme une source d’inspiration pour re-construire dès à présent notre France.

En ces fêtes du premier mai, il m’a semblé que la vague d’opposition à Donald Trump pouvait nourrir de son inspiration tous ceux qui ne veulent pas que notre pays, nos pays, soient submergés à leurs tours par une vague folle, autoritaire, raciste, sinistre. Voulant relayer les voix puissantes de ces anciens assistants parlementaires, des voix presque épiques, comme portées par le souffle de la liberté et de la libération, voici donc le début de ma traduction de cet ouvrage : Les Indivisibles : un guide pratique pour résister à l’agenda de Trump/9 mars 2017. Par l’ancienne équipe des assistants parlementaires du Congrès américains, ou le Guide des meilleurs moyens pour se faire entendre au Congrès américain

Le Guide des Indivisibles : prologue​

« Depuis que ce Guide est venu à la Vie sous la forme d’un document disponible sur Google.doc, nous avons reçu un flot croissant de messages de Résistants du Monde entier travaillant ensemble pour résister à l’agenda de Donald Trump. Soulevés et conduits par l’énergie et la passion de cette vague irrésistible, nous avons rassemblé nos expériences dans cet ouvrage afin d’en faire une œuvre commune, qui s’enrichirait de chacun et de tous. A votre tour, faites résonner vos Voix sur : www.IndivisibleGuide.Com.

Chaque personne qui travaille sur le Guide ou le Site est un Volontaire. Nous le bâtissons l’un comme l’autre sur notre temps libre sans aucune coordination, sans aucun soutien de nos employeurs, libres de toutes attaches économiques, de tout conflit d’intérêt. Notre seul but est de soutenir les Voix de nos Peuples qui ont commencé cette Résistance. Nous souhaitons que vous vous saisissiez de ce Guide et l’utilisiez sans jamais vous décourager, quoique vous puissiez voir surgir dans les temps qui viendront.

Nous vous exhortons à nous confier vos histoires, vos questions, vos commentaires, vos éditoriaux, vos articles, de vous sentir libres de faire retentir nos portables sur nos comptes Twitter : @IndivibleTeam, @ezralevin, @angelrafpadilla, @textepat, @leahgreenb. Ou de nous envoyer un e-mail à contact@indivisibleguide.com.

Bonne chance  ̶  Nous gagnerons parce que nous sommes les Indivisibles. »

(Adaptation : Pierre-Gilles Bellin)

Emmanuel Macron : sous le lobbyisme actif des services secrets ?

Pierre-GillesBellin - Emmanuel Macron services secrets

Emmanuel Macron : sous le lobbyisme actif des services secrets ?

Emmanuel Macron n’était pas le candidat préféré des services secrets : ceux-ci manifestaient leurs penchants pour Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Manuel Valls. Ils jugeaient ésotérique la possibilité que l’ancien ministre de l’économie devienne président. Emmanuel Macron pourrait-il être instrumentalisé, comme l’a peut-être été François Hollande ?

Du côté de l’équipe Macron, les lobbyist se seraient activés via François Heisbourg, conseiller spécial du président de la fondation pour la recherche stratégique, ou Jean-Claude Cousseran, qui a été à la DGSE et occupa, comme Bernard Bajolet, un poste diplomatique. Des réseaux tenteraient de jouer la carte temps pour empêcher l’unification des 22 structures de renseignement, interdire le contrôle de leurs activités, rendre presque « systémique » l’état d’urgence et, à mon avis, de plus en plus déséquilibrer le fonctionnement démocratique. Explications.

Monsieur Macron : du conseiller au Président

Sans aucune prétention à l’exhaustivité, je vais juste souligner quelques points.

Emmanuel Macron a été secrétaire général adjoint auprès de François Hollande de 2012 à 2014, chargé des dossiers économiques et financiers, puis ministre de l’économie d’août 2014 à août 2016 (serré de près par Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics). Il a été le témoin direct de la mécanique ayant conduit à l’état d’urgence, a failli démissionner quand François Hollande a tenté de faire passer la déchéance de nationalité. François Hollande indiquera qu’Emmanuel Macron l’a « trahi avec méthode », ce qui est une sorte de compliment de la part de l’ancien président, et Manuels Valls demandera son renvoi.

Aujourd’hui, François Hollande ne paraît jamais avoir eu cette certitude démocratique que l’on attend d’un garant des institutions. Et Emmanuel Macron ? Sur sa filiation politique, Emmanuel Macron souligne sa proximité avec Pierre Mendès-France et Michel Rocard : pour notre sujet, c’est ce dernier qui a lancé la première modernisation de la DGSE (il a souligné avec malice le paradoxe que cette administration « plutôt conservatrice » se soit faite réformer par un socialiste… qui l’a plus ou moins contrôlée). Emmanuel Macron a assisté un temps le philosophe Paul Ricoeur, et philosophie lui-même (ce qui fait de lui le premier président sachant écrire et penser depuis François Mitterrand). Qui est Paul Ricoeur (1913-2005) ? Un philosophe « anthropologist » selon une université américaine où il enseigna, auteur d’une oeuvre énorme, que l’on pourrait essayer de résumer comme la quête avec les outils phénoménologiques, existentialistes, herméneutiques, psychanalytiques de ce qui fait l’identité, la justice, etc., avec des préoccupations politiques et éthiques (l’homme, un protestant, est passé par le personnalisme chrétien d’Emmanuel Mounier). Le conflit des interprétations , Soi-même comme un autre, Le juste, Amour et justiceLe symbolisme du Diable : voici quelques-uns de ses ouvrages. Dans la phénoménologie, rien n’existe « en soi » ; à l’inverse, chez Carl Gustav Jung (dont Freud se sépara) et ses héritiers, les symboles ou « archétypes » ont une vie distincte, énergétique, d’intentions, de synchronicités et ce sont d’eux que surgissent les phénomènes concrets. En sciences, le monde quantique serait plutôt jungien, et le monde de la relativité de l’espace-temps plutôt phénoménologiste. Chez Jung ce sont les archétypes qui tissent la trame des récits tragi-comiques que sont nos vies, alors que Paul Ricoeur serait plutôt de l’avis que quelqu’un qui dit cela fait de la fiction. Mais Paul Ricoeur montre que la réponse aux problèmes actuels n’est pas purement instrumentale. Il n’est donc pas vraiment « hollandiste ».

Pour autant, raisons théorique et pratique se dissocient facilement. Comment donc apprécier ce que ferait Emmanuel Macron par rapport aux lois sur le renseignement, à la permanence de l’état d’urgence, à la clause du secret-défense, au contrôle par l’état de Droit des services de renseignement ?

Le problème des agences de sécurité : pérenniser les exceptions aux droits mises en place par François Hollande et Manuel Valls ?

Premier point de vue : pour assurer son héritage sécuritaire, François Hollande a fait prolonger le mandat de Bernard Bajolet à la tête de la DGSE (via un amendement dans la loi Lebranchu du 21 avril 2016), quoique celui-ci ait dépassé la limite d’âge. Son mandat prend fin le… 21 mai 2017 (le jour de son anniversaire). Comme le second tour a eu lieu le 7 mai, le problème des services de sécurité est l’un des premiers dans l’agenda présidentiel des nominations… Sachant que François Hollande a fait en sorte que l’état d’urgence ne prenne fin qu’en juillet 2017 : comment, dès lors, fait-on pour retirer celui-ci vis-à-vis de l’opinion, si une quinzaine de jours après survenait un attentat ? Ces deux points font que, très fine lobbyiste, la DGSE peut mettre en avant, sous prétexte de continuité opérationnelle, qu’il faut continuer les principes selon lesquels a été conduite ces cinq dernières années la gestion des services dans leur ensemble et de la sécurité du pays ; car autrement la situation pourrait être 20 fois ou 100 pire (bref, nous sommes dans l’anticipation d’un possible désastre, ce qui signifie dans l’immédiat moins de libertés et aucune remise en cause, et ce même si chaque partenaire sait que l’état d’urgence n’a eu qu’une efficacité très réduite). Autrement dit, nous risquons de rester dans le piège sécuritaire en sachant que nous y sommes, piège fondamental des terroristes que dénoncera à juste titre Monsieur Macron devant Madame Le Pen, lors du débat télévisé du 4 mai. Il s’agit vraiment là du coeur de la machine infernale.

Pour bien comprendre comment ont fonctionné en phase François Hollande et Bernard Bajolet ces dernières années, on peut prendre un biais et regarder le parcours politique de Jean-Jacques Urvoas, devenu ministre de la justice après le départ de Christiane Taubira (également opposée à la déchéance de nationalité et l’état d’urgence permanent). Le parcours qui a mené ce député du Finistère au gouvernement commence un an avant 2012, avant les primaires socialistes de l’époque (Dominique Strauss-Khan faisant alors la course en tête).  Armé bien à propos d’un co-auteur, il publie un travail : Réformer les services de renseignements, où il indique que la « France ne dispose pas d’un « cadre normatif adapté », ce qui veut dire à la fois que les agents ne doivent plus oeuvrer dans l’illégalité et qu’il faut les contrôler. Idées que l’on retrouvera dans la commission d’enquête qu’il présidera après l’affaire Merah, et on le verra écrire pour la fondation Jean-Jaurès : Une loi relative au renseignement : l’utopie d’une démocratie adulte ? L’article paraît un mois avant la présidentielle de 2012. L’accueil est tiède dans la communauté du renseignement. Ils considèrent se débrouiller suffisamment bien dans l’illégalité de l’époque et le mot « contrôle » ne passe pas chez eux. Mais, quand on se dit socialiste, c’est une expression à dire. Ensuite, c’est l’emballement : les attentats, les états d’urgence. Il y aura bien une loi, le 24 juillet 2015, où non seulement le contrôle sera oublié, mais régressera. Qu’importe certainement pour Jean-Jacques Urvoas : il deviendra ministre de la justice, et apparaîtra aux yeux de certains comme une sorte de verrou supplémentaire. En fait, au-delà de son cas particulier, il aura certainement permis de sceller l’alliance indéfectible entre Bernard Bajolet et François Hollande.

Sur le plan philosophique, les renseignements sont dominés par une pensée hiérarchique, autoritaire, exclusive, instrumentaliste, qui se revendique d’une transcendance supérieure à la personne, à l’être libre, celle de la nation et de la patrie ; c’est donc une pensée d’extrême-droite contenue par les autorités civiles et démocratiques dans un entre-deux, une sorte d’aire de jeux et dé défoulements, où l’on est autorisé à entrer dans n’importe quelle vie, fut-elle la plus éloignée possible de toute violence. Les psychopathies n’y sont pas exceptionnelles : on se croit seul « responsable », discret, « honnête », « seigneur » en même temps que « voyou » et patriote. Qui limite les débordements dans ce vase-clos ? Il n’y a ni contrôles internes (par exemple une inspection vraiment indépendante), ni contrôles externes (du juge ou du parlement).

Par exemple, dans une période comme la semaine de transition que nous venons de vivre de Monsieur Hollande à Monsieur Macron, cette machine possède encore plus de marges pour désobéir, empoisonner une présidence à venir dans ses références, tenter de lui mettre peu à peu le doigt dans ses propres engrenages. Exemple : en nommant fin avril l’actuel directeur directeur de la DGSE, anvien directeur de cabinet de Monsieur Bajolet… donc en évitant à Monsieur Macron de nommer lui-même ce responsable. En outre, aujourd’hui, beaucoup d’agents du renseignement se sont rapprochés de l’extrême-droite. Comment appréhender ce mouvement en pourcentage? On peut tenter une analogie, qui vaut bien sûr ce qu’elle vaut : à Versailles-Satory, bureau 11, où vote une majorité de personnels issus de l’état-major de la Défense, près de 54% des votants ont donné leurs voix à Mme Le Pen au deuxième tour des présidentielles (école des Alizées, http://www.versailles.fr/elections/?bureau_list=11&affichage_par=1&submitbt=afficher+les+r%C3%A9sultats). Mais qu’importe, peut-être : aussi sérieux et pondéré que l’on puisse se présenter comme professionnel du secret, contraint à la violence envers des clients ciblés, n’est-ce-pas (?), parce qu’on n’a pas pu faire autrement, après en avoir pesé le pour et le contre « collégialement », fait des « erreurs » – reconnaîtra-t-on volontiers auprès de ses pairs, sans parti-pris cependant et bien sûr le tout objectivement – ; bref, si une personne n’a pas de regard extérieur sur ses activités quand elles sont aussi fondamentales, si vous n’avez aucun contrôle, aucune remise en cause, vous ne pouvez qu’échouer !  Je me permets donc de dire, comme Monsieur Macron mais en déformant quelque peu l’intention de ses propos, que « si vous n’écoutez (que) les mecs de la sécurité, vous finissez comme Hollande ». Non pas peut-être « mort », mais pris dans une spirale qui se rendra maître de votre destin : on aura été instrumentalisé. Par ceux là-mêmes qui, prétendant vous éclairer, se font instrumentaliser par leurs croyances et leur historique administratif. C’est à un retournement complet de situation qu’ils nous convieraient alors.

J’ajoute une hypothèse : toute présidence a eu ses crimes d’état. Un conseiller se suicide ou est suicidé à l’Elysée sous Mitterrand ; Méry, au centre des financements de la droite laisse des cassettes vidéo supposées le sauver et se suicide ; sous Sarkozy, il semble que Kadhafi se soit fait exécuter par la DGSE. Rien sous le duo Bajolet-Hollande ? Bon : prenons l’époque. Elle est bien à des affaires Rainbow-Warrior puissance 10 ou 100, non ? Si cela a été le cas, elles seront si grosses qu’elles surgiront de leur propre inertie, et ce sera sous la présidence Macron, instrumentalisées par l’extrême-droite selon la thèse Macron = Hollande. Celui-ci se retrouverait avec une chaîne au pied le reliant à une sorte de trou noir en expansion. L’héritage Hollande empoisonnerait définitivement sa gouvernance et, au-delà, la démocratie.

Le programme d’Emmanuel Macron : « la sécurité est la première de nos libertés »?

Sur le plan des moyens, il me semble que les dispositifs proposés dans le programme de « En marche » soient divers et variés, très détaillés dans le fond, très précis dans la formulation et même le style. Je pense qu’à ses postes successifs Emmanuel Macron a pu identifier les aspects déclamatoires et inefficaces des lois sécuritaires et de la tentative de réforme constitutionnelle qu’était la déchéance de nationalité. « La prolongation sans fin de l’état d’urgence pose des questions » ; la déchéance de nationalité n’est pas une « solution concrète » : voici ce que dit à ces sujets l’ancien ministre de l’économie. On peut penser qu’il s’agit d’une conviction. Cependant si, dans le programme de « En marche », on regarde les mesures de contrôle démocratique de l’activité des services secrets, on lit principalement : « offrir aux juges un meilleur accès, protégé, à des données de services » ; « nous renforcerons les moyens du parquet et juges d’instruction ». S’y ajoute la perspective d’un syndicat de la magistrature indépendant. On eût cependant aimé que le renforcement des moyens de la commission nationale informatique et liberté (CNIL) figure en toutes lettres, qu’il soit mentionné la commission jugeant la légalité des écoutes (au moins menées en France, car de l’étranger en France…). Aujourd’hui, il n’est plus possible de savoir si l’on est fiché, cela étant en soi un secret menaçant la « sûreté de l’état ». Oui, nous menaçons presque notre pays en tentant de savoir si nous sommes fichés. Et que dire, aussi, de ce qu’il y a dans ces fichiers : les peurs et les préjugés parfois très conservateurs des rédacteurs s’y déchaîneraient, paraît-il.

Comment la génération Hollande met en danger la présidence Macron

Bernard Bajolet : 68 ans. François Hollande : 63 ans. Jean-Marc Ayrault : 67 ans. Jean-Jacques Urvoas : 58 ans. Jaen-Yves Le Drian : 70 ans. Les hommes au gouvernement représentent une génération de purs politiciens qui ont échoué poltiquement, diplomatiquement et peut-être militairement… (Et même de leurs points de vue, puisque François Hollande n’a pas pu se représenter et que le PS est tombé à 6% des voix.)

Et économiquement : aucun d’eux ne s’est intéressé à l’innovation en soi, au mieux à travers un entourage. Par exemple, dans leurs concepts, le changement climatique existe comme représentation électorale, ou risque migratoire, pas comme réalité créatrice d’emplois ; même chose pour les potentiels (et risques) de la numérisation ; ou le potentiel encourageant et effrayant à la fois des sciences du cerveau, avec le développement des interfaces cerveau-imagerie médicale-logiciels-machines – à part peut-être Bernard Bajolet (le malheur c’est que la DGSE et la DGSI développeront sans contrôle cette science sans conscience quand elle sera mûre, ce qui n’est quand même pas pour demain. Mais à coup sûr ça pourrira la vie des activistes et dissidents quand on les entendra penser en direct). Pour Jean-Jacques Ayrault, faire un aéroport à Notre-Dame-des-Landes est un concept contemporain, puisqu’il est celui de la majorité des élus de Bretagne, dont Jean-Yves Le Drian. Mais il est voué aux déficits. Qu’ils s’agissent de Jean-Yves le Drian, Jean-Marc Ayrault, ou de tous les notables « socialistes » et radicaux de gauche qui se sont ralliés à Emmanuel Macron (comme le ministre des sports Thierry Braillard), aucun ne porte plus vraiment de projet. L’emploi de n’importe lequel de ces hommes à des postes de responsabilité emporterait tout nouveau gouvernement dans un logiciel du passé qui a gravement échoué.

En Bretagne, une région marquée par l’agriculture industrielle, certaines faillites industrielles, la condition ouvrière dans l’agro-alimentaire, des révoltes fiscales et les échecs de la démocratie locale dont le symbole est Notre-Dame-des-Landes, le ré-emploi de cette génération potitique et sa perpétuation au pouvoir local représenteraient une chance historique pour le mouvement citoyen, écologiste, voire même pour les mouvements bretons. Charlotte Marchandise, par exemple, est rennaise ; les Nuits Debout se sont tenues, lors de l’été 2016, dans la forêt de Paimpont ; le Front de gauche y est en plein développement, tandis que le parti socialiste apparaît de plus en plus comme un syndicat d’élus défendant certains monopoles économiques locaux. La foudre couperait en deux le PS breton si les ralliés rentraient dans un gouvernement Macron. Mais cela ouvrirait peut-être la possibilité à ces idées de se réunir.

Tentative de conclusion

Quoi qu’il en soit, à ce jour, Emmanuel Macron n’est pas tombé dans les pièges où sont tombés Hollande et Valls, penser que l’on augmenterait la sécurité en reprenant les propositions issues de l’extrême-droite (et qu’on instrumentaliserait l’opinion). Cette stratégie a totalement échoué, et échouera encore. A l’occasion de l’attentat au lycée de Grasse, le 16 mars 2017, on a cependant encore entendu François Hollande continuer à soutenir que l’état d’urgence était nécessaire… enfin, les « moyens d’investigation » que permet l’état d’urgence, l’homme semblant en être un peu moins sûr désormais. Oui, cher Monsieur Hollande, il faut avoir une cuillère très longue quand on dîne avec le Diable. Car, en petites touches successives, ces dispositifs sécuritaires ont déligitimé la prétention de Monsieur Hollande à représenter la gauche démocratique. Pendant ce temps, sur le plan international, un certain chaos s’installait, sur fond de changement climatique, de chute de la biodiversité, des rendements agricoles, d’inégalités économiques, de questionnement identitaire, divisions, migrations, etc. La situation en France mîme, à une moindre échelle, la situation dans le monde, et le poids de notre pays peut faire basculer le continent. L’analyse de Monsieur Macron pose avec justesse qu’aucun de nos problèmes n’a de solution nationale ou purement individuelle ; les démocrates, dans les pays, ont besoin d’une profondeur stratégique presque militaire pour se réfugier, résister, parler et convaincre. La capacité de rester démocrate et de rassembler les démocrates, de nouer de grandes alliances humanistes, voici ce dont devra être capable Emmanuel Macron s’il devient président, et qui est à mon sens la mère de toutes les solutions.

Pierre-GillesBellin - Emmanuel Macron services secrets

Compteurs Linky : risque économique, risques sanitaires, dérive démocratique

Compteurs Linky : risque économique, risques sanitaires, dérive démocratique

Compteurs Linky : risque économique, risques sanitaires, dérive démocratique

ERDF, filiale à 100% d’EDF, devenue « Enedis », réalise actuellement la pose des compteurs électriques Linky, qui se substituent à vos anciens compteurs. Ces compteurs, en fait des objets communicants, où les données passent par le courant domestique, présentent un risque sanitaire. En outre, ils risquent d’être un échec économique, et soulignent les insuffisances de la démocratie locale.

Vers un échec économique

Linky, c’est 5 milliards d’euros, et certainement 7 ou 8. La Cour des Comptes écrit (Rapport annuel 2015, www.comptes.fr, Courdescomptes2015-ouverture-marché-electricite-concurrence.pdf) : …le succès du compteur Linky reste suspendu à des perspectives financières fragiles (la valeur actuelle nette du projet à l’échéance de 2034 ne serait que de 0,2 milliards d’euros pour un investissement de 5 milliards). Même appréciation de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, qui pointe un dérapage vraisemblable des coûts de 2 à 3 milliards d’euros, aux impacts évidents sur la facture individuelle. La France n’a d’ailleurs jamais guère réussi ses grands projets industriels informatiques : échec du Plan calcul, du Minitel, par exemple. Pourquoi ? Difficulté pour un monopole de planifier une vision économique dans un environnement très mouvant, vision trop centralisée des réseaux héritée d’un autre temps, direction planificatrice, où domine l’ingénieur mais capable, par sa capacité de lobbying et les liens haute-administration/sociétés d’origine publique, d’inspirer la réglementation et d’en retarder l’adaptation. Par ailleurs, sur le marché général des données numériques, si le consommateur est déjà à la fibre ou au haut-débit hertzien, quel avantage retirerait-il d’un nouveau lien filaire ? L’industrie du transport des données est entrée dans l’ère des rendements décroissants. Ainsi, le Directeur général de la Fédération française des télécoms pointait dans le rapport annuel 2013 l’érosion des bénéfices de l’industrie des services mobiles donc, au-delà, de l’industrie des données auquel appartient tout objet connecté, donc Linky. Le risque d’échec économique est donc avéré, et ce dans une perspective globale ou EDF est déjà fragilisée et possède 100 % d’ERDF-Enedis.

Compteurs Linky : risque économique, risques sanitaires, dérive démocratique
Crédit image : https://intensite.net/2009/actu2017/chartres-une-reunion-contre-le-compteur-linky-267120
Pierre-GillesBellin - Compteurs Linky : risque
Crédit image : http://vahineblog.over-blog.com/2016/11/compteur-linky-reponses-a-vos-questions-par-l-association-robin-des-toits.html

Des risques sanitaires avérés

L’ANSES (https://www.anses.fr/fr) dans son avis de 2016 sur le compteur Linky ne conclut pas à sa non-dangerosité. C’est pire encore : elle, l’experte, conclut qu’elle ne sait pas. Le rayonnement des compteurs Linky, c’est-à-dire les fréquences qui s’ajouteront aux fréquences du courant domestique, entre dans le domaine des rayonnements électromagnétiques en général, à la différence qu’on ne peut pas éteindre Linky qui rayonnera dans toute la maison à des hyper-fréquences, alors qu’on peut éteindre son téléphone portable ou ne pas travailler sur son ordinateur.

 Il faut donc regarder comment les normes sanitaires ont été établies, puisque Enedis dit partout que le compteur est « dans la norme ». Il n’est guère facile de comprendre les normes de précaution de l’usage du téléphone mobile, et donc de tout objet connecté, donc de Linky. Pouvons-nous trouver, en ce qui concerne les téléphones portables, et donc les compteurs Linky, une analogie historique ? Dans le domaine de la chimie appliquée à l’alimentation (colorants, pesticides, conservateurs, emballages, etc.), nous connaissons ce que l’on appelle la Dose Journalière Acceptable, ou « DJA », c’est-à-dire la dose… de produits chimiques toxiques que nous pouvons ingérer chaque jour sans pour autant tomber malades, parce qu’il y aurait une quantité à partir de laquelle ils deviendraient des poisons. L’idée générale, c’est que « la dose fait le poison » : sous une limite, on peut consommer les toxiques. Vrai et faux. Marie-Dominique Robin, dans son film Notre poison quotidien, souligne que les perturbateurs endocriniens n’obéissent pas à cette règle de la DJA : ces perturbateurs, présents par exemple dans les plastiques de certains revêtements internes de boîtes de conserves, certains biberons, bouteilles en plastique, etc., agissent aussitôt qu’ils sont présents dans nos organismes en mimant l’effet de certaines hormones… En matière de téléphonie, ce qui pourrait s’apparenter à la Dose Journalière Quotidienne est le « Débit d’Absorption Spécifique , ou « DAS». Le doute doit être de absolu si l’on sait que les DAS ne sont pas les mêmes aux Etats-Unis et en Europe : si, aux Etats-Unis, le DAS est de 1,6 W/kg sur le premier gramme de tissus humain exposé, il est à 2 W/kg en Europe sur les dix premiers grammes. Or, si l’énergie transmise par le rayonnement atteint 2,5 sur le premier gramme et 0,9 sur le dixième gramme, la moyenne n’est peut-être que de 1 W/g pour la norme européenne, ce qui n’empêchera nullement le premier gramme d’être sur-exposé à un rayonnement. En chiffrant le DAS à 1,6 W/kg sur le premier gramme seulement, les Etats-Unis (et le Canada) sont plus exigeants que l’Union Européenne. Linky est donc un cas emblématique ou un opérateur installe chez vous un objet, dans l’indifférence quant à ses conséquences sanitaires.

J’ajoute que le CIRC, Centre international de recherche sur le cancer, agence intergouvernementale créée par l’OMS siégeant à Lyon, classe Linky comme cancérogène problème, soit en catégorie 2B (catégorie 1 : cancérogène pour l’homme ; catégorie 2A : cancérogène probable pour l’homme ; catégorie 2B : cancérogène possible pour l’homme ; catégorie 3 : inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’homme ; catégorie 4 : probablement non cancérogène pour l’homme). Monde où le probable est possible, le possible certain, enfin on ne sait plus.

 Dans les milliers d’études qui existent sur le sujet, le rapport Bio-Initiatives est fondamental (http://www.bioinitiative.org/). Il est issu d’un collectif de scientifiques internationaux, un peu à l’image du climat. En 2007 (il a été republié en 2012), il passe en revue près de 2 000 études scientifiques, ce qui est considérable. Au moment du premier rapport Bio-initiative, le Parlement européen émet, le 4 septembre 2008, une résolution fondamentale sur l’évaluation à mi-parcours du plan d’action européen en matière d’environnement et santé 2004-2010 (www.europarl.europa.eu). Alinéa 21 de cette résolution : « [le Parlement est] vivement interpellé par le rapport de la commission internationale Bio-Initiative sur les champs électromagnétique, qui fait la synthèse de plus de 1 500 cas […] et relève dans ses conclusions les dangers sur la santé des émissions de type téléphonie mobile comme le téléphone portable, les émissions UMTS-WIFI-Wimax-Bluetooth et le téléphone à base fixe DECT [votre téléphone sans fil de la maison] » Alinéa 22, il constate « que les limites d’exposition aux champs électriques fixées pour le public sont obsolètes […] que ces limites ne tiennent évidemment pas compte de l’évolution des technologies de l’information et de la communication », et demande dans l’alinéa 23 au Conseil européen [instance de décision composée des ministres des Etats-membres de l’Union européenne, dont bien sûr du ministre français] de « fixer des valeurs limites d’exposition plus exigeantes ».

Et, naturellement, Linky qui n’existait que dans les limbes à l’époque est concerné au premier chef. Donc, d’un point de vue tant économique que sanitaire, la messe est dite : le compteur Linky est doublement néfaste. Troubles liés au Linky : problèmes de sommeil, effets sur la mémoire et l’apprentissage, effets sur l’ADN et les gènes, augmentation des cancers (ou accélération de cette augmentation) et pathologies cérébrales type Alzheimmer. Effets sur l’autisme, sur le développement cérébral des fœtus ; altération de l’ADN des spermatozoïdes.

L'enjeu démocratique

Dans notre pays, l’architecture des pouvoirs est chargée d’histoire. Quand la France s’est électrifiée, ce sont des syndicats de communes au niveau cantonal qui ont pris les investissements en charge, créant les syndicats d’électrification. Chaque maire y était présent, et chaque syndicat comportait son président et ses vice-présidents, indemnisés. Dans la pratique, c’était un ou deux fonctionnaires territoriaux qui se chargeaient du travail, consistant souvent à commander à un prestataire principal, sans mise en concurrence, ERDF-Enedis (et EDF avant), d’entretenir le réseau. Ensuite, le gouvernement conscient de la difficulté de gérer la chose au niveau cantonal et des surcoûts que cela représentait, a fondu ces syndicats en syndicats départementaux, lesquels ont longtemps prolongé ou prolongent encore des relations un peu coupables avec ERDF-Enedis, consistant toujours à ne pas avoir très envie de mettre les marchés proposés en vraie concurrence (comme cela a été parfois souligné par les Cours des comptes régionales et nationale). Il y a en outre deux autres problèmes :

 – la méconnaissance fréquente des élus responsables des enjeux techniques et leurs liens anciens avec EDF puis ERDF-Enedis ;

 – la difficulté, pour les abonnés, de faire valoir leurs préoccupations sanitaires. Les élus censés les représenter ne viennent qu’épisodiquement, surchargés qu’ils sont par le nombre de mandats qu’ils cumulent et le nombre d’organismes divers où leur présence est tout aussi souhaitée. Pour se dédouanerdu problème Linky, le maire répond donc qu’il faut demander au syndicat départemental, lequel répond qu’il n’est pas propriétaire du réseau, renvoyant au maire lequel… dit que la commune n’est pas propriétaire du réseau, donc des compteurs. Bref, c’est ce qu’on appelle vulgairement le jeu de la patate chaude. Et, quand une commune refuse Linky, devinez un peu ce que fait Enedis : elle attaque la commune aux tribunaux. Enfin, épisodiquement, un préfet par ci et par là met en avant le fait qu’il a obligé ENedis a desinstaller un Linky (voir le communiqué de Next Up en Ille-et-Vilaine (www.next-up.org), communiquant là-dessus tout en soutenant l’opérateur.

C’est pourquoi, à mon sens, Linky est emblématique d’un industriel monopolistique qui fait passer une innovation dans les nombreux trous d’un tissu très déchiré, celui de la démocratie nationale et locale, au mépris des risques sanitaires de l’usager considéré comme un sujet et non un citoyen.

En conclusion…

Vous pouvez refuser le compteur, le Président d’Enedis le dit lui-même (https://www.youtube.com/watch?v=VXtPsC4ZKH0).

Si on tente de vous l’imposer néanmoins, procurez-vous le kit de refus du compteur Linky incluant la lettre de refus avec signification par huissier : https://stoplinkynonmerci.org. Pour télécharger le document, comprenant les procédures de refus avec lettres prêtes à l’envoi : http://doc.stoplinkynonmerci.org (Document n°100). Et voici trois adresses précieuses avec les liens : Priartem, 5 cours de la Ferme-Saint-Lazare, 75 010 Paris, tél. : 01 42 47 81 54, contact@priartem.fr; Robin des toits 33 rue d’Amsterdam, 75008 Paris, tél. : 01 47 00 96 33 contact@robindestoits.org; Next-Up.org, 13, rue Sadi-Carnot 26 400 Crest, http://www.next-up.org ; contact@next-up.org.

Pierre-Gilles Bellin, auteur de Téléphone portable, compteur Linky : dangers (Editions Les Numériques Arca Minore, février 2017)

Comment François Hollande à intégré le logiciel de l’extrême-droite

Pierre-GillesBellin - François Hollande a intégré le logiciel de l’extrême-droite

Comment François Hollande a intégré le logiciel de l’extrême-droite

C’est François Hollande lui-même qui a élargi la faille morale dans laquelle s’est engouffrée l’extrême droite. Par avance, il a décrédibilisé le discours électoral du Parti socialiste. Il est incompréhensible à première vue que le Président de la République soit tombé dans ces pièges politiques. Mais en analysant sa façon de penser, c’est parfaitement compréhensible.

Pierre-GillesBellin - François Hollande a intégré le logiciel de l’extrême-droite

Il a longtemps été d’usage au Parti socialiste que le discours de « conquête du pouvoir » soit de gauche, qu’après le premier tour des présidentielles les « éléments de langage » se recentrent, puis que l’exercice du gouvernement abandonne les énoncés de la campagne. François Hollande illustre jusqu’à la caricature cette façon de faire. On ne reviendra pas sur « la finance, c’est mon ennemi », puis sur sa pratique ; le mariage homosexuel est le seul marqueur social, finalement, qui nous dirait que François Hollande a été de gauche, même si on peut le suspecter d’avoir diverti l’opinion des véritables problèmes du pays à travers la polémique qu’il permettait de créer. Plaisir de roi, probablement, mais qu’il n’a pas goûté très longtemps. Car, en moins de un an, à partir de novembre 2016, François Hollande a abandonné, en une vraie faillite morale, toutes ces valeurs qui vont bien au-delà de la Gauche et marquent, pour tous les démocrates, l’identité propre de notre pays et de l’Europe.

Fin analyste politique, François Hollande est justement trop dans l’analyse. Cette complexité de l’homme l’entraîne bien au-delà du florentisme de François Mitterrand, complexifie sa propre complexité, en quelque sorte, jusqu’à ce qu’elle se perde en elle-même. Certes, la main droite de François Mitterrand ignorait souvent ce que faisait sa main gauche. Mais, même s’il a soutenu les exactions de la France lors de la guerre d’indépendance algérienne, il a été un résistant courageux, voire téméraire, et a combattu comme Président les nationalismes européens, en soulignant qu’ils menaient inéluctablement à la guerre.

François Hollande l’analyste suit les mouvements de l’opinion ou, plutôt, les sur-analyse. L’opinion bascule-t-elle vers l’extrême droite ? Eh, bien on basculera avec elle, on marquera que, nous aussi, le Gouvernement, nous pouvons être autoritaires, intransigeants. Il en découle la tentative de déchéance de la nationalité française, la permanence d’un Etat d’urgence conçu comme provisoire. Or, comment un état d’urgence « provisoire » peut-il être « permanent » : c’est cela, François Hollande, la contradiction sémantique permanente et, derrière, la dérive. Ses mots n’ont pas de sens. Discours pour les discours. Discours pour cacher l’impuissance, la désorientation. Pas de sens, pas d’identité, pas d’existence, pas de direction.

A ce piège de la perte d’identité, il a pris toute la gauche. L’illustre, encore à la caricature, le discours aux Primaires de gauche de Manuel Valls : voilà un ancien Premier Ministre qui gouverne selon certaines valeurs de l’extrême-droite (déchéance de la nationalité, sur-fichage, état d’urgence, interdictions de manifester, menaces, violences verbales, répressives) ; puis, voilà un ex-Premier Ministre qui va faire campagne à « gauche », promettant que, lui, Président, il supprimera l’article 49.3. Il s’agit d’une sorte de point asymptotique d’une pensée ou la manipulation des « éléments de langage » ‑ mais en fait les valeurs fondatrices du pays ‑, atteint l’irréel à force de positionnements tactiques. Comment imaginer, si Manuel Valls gagne les primaires, qu’il obtienne le soutien de ses concurrents ? C’est là une vraie faille, une faillite nationale au sens propre du terme.

La schizophrénie culturelle entre le Parti socialiste dans l’opposition et le Parti socialiste au pouvoir fait, étrangement, écho au bipartisme qui a fondé la vie politique française jusqu’en 2012. Or, nous sommes à présent dans un tripartisme d’opinion, qui ne manquera pas de se transcrire au Parlement. Voilà pourquoi, au soir des attentats du Bataclan, François Hollande n’a pas entraîné l’opinion vers plus de démocratie, comme il avait semblé commencé à le faire, un an avant, en prenant la tête des manifestants après l’attentat de Charlie Hebdo. Au contraire, en 2016, il a brandi l’état d’urgence pour faire oublier les failles de la surveillance, sur-soulignant alors l’impression de vouloir maintenir une oligarchie politique au pouvoir, au service de laquelle il met tout un système administratif, institutionnel, constitutionnel, policier.

C’est cela la façon de penser de François Hollande. Ne pas vouloir penser la réforme profonde qu’attendent les Français. Laisser se clore un système, qui est aussi son système de pensée : couvre feu pour Nuit Debout Place de la République, par exemple, mouvement qui a tenté l’amorce d’une réflexion collective ; manipulations médiatiques de toutes sortes ; collectivités locales et Parlement non représentatifs de nos opinions publiques locales et nationales, exemples encore plus forts, énormes, collectifs, synthèse de toutes les synthèses. Si le Front national arrive au pouvoir, le scrutin majoritaire fera que sa victoire sera totale. Ce refus d’une réforme profonde, ces confusions, ces flous d’une pensée sur-systémique alimentent le fait que, de toutes parts, tout nous dit que, non, nous ne sommes plus en démocratie et le serons de moins en moins. En même temps qu’il met en scène une fausse réalité, pour autant, François Hollande a une curieuse façon de se regarder, de se théâtraliser lui-même : ce qui est frappant, dans le livre Un Président n’aurait jamais dû dire ça, c’est ce regard de commentateur extérieur qu’il jette sur sa propre action, cette attente sous-jacente que les journalistes lui tendent ses raisonnements en miroir, un miroir où on dirait parfois qu’il serait prêt à ne pas se reconnaître lui-même. Comme une quête spirituelle inversée, pour tenter une image. Ce qui scandalise, au passage, c’est qu’il annonce avoir ordonné des crimes d’Etat, comme si cela prouvait qu’il est à la hauteur de la fonction qu’il voudrait incarner. Or, cela accentue l’idée d’une dérive morale alors qu’il s’agit, tout de même, de terroristes avérés. Paradoxe terrifiant, même si l’on ne songe pas aux dérives qui ont eu et ont lieu sous le couvert du secret-défense, et concernent une population étendue bien au-delà des seuls djihadistes.

Puis, en final, voici que ce livre, Un Président n’aurait jamais dû dire ça, crée une bronca, habilement amplifiée par Manuel Valls, jusqu’à ce que celui-ci assène le coup final en dévorant une entrecôte devant Monsieur Hollande. Et voici que, dans cette impasse médiatique, politique, institutionnelle, ce dernier renonce à se représenter aux présidentielles. A avoir nourri toutes ces complexités, avoir voulu profiter de leurs ombres, les avoir complexifiées, voilà que sa propre pensée a arrêté ce destin par lequel il espérait « entrer dans l’histoire ». François Hollande est un personnage de roman qui, comme tout personnage, s’invente lui-même constamment. Mais quelles ombres aura-t-il fait entrer dans l’histoire en tombant dans ses propres pièges ?

Tout sauf Manuel Valls : aux Primaires de la gauche opposez lui votre propre 49.3

Pierre-GillesBellin - Tout sauf Manuel Valls aux Primaires

Tout sauf Manuel Valls : aux Primaires de la gauche opposez lui votre propre 49.3

Aux primaires de gauche, votons contre Manuel Valls, servons-nous individuellement de notre « 49.3 » pour lui dire non et signez notre pétition. Laisser Manuel Valls représenter même une partie de la gauche aux élections présidentielles, c’est dire oui à des lois liberticides, inquisitrices, oui à une méthode économique impuissante à résoudre les problèmes de précarisation et d’inégalités.

Pierre-GillesBellin - Tout sauf Manuel Valls aux Primaires

Tout sauf Manuel Valls : aux Primaires de la gauche opposez lui votre propre 49.3 en signant notre pétition

Non, Monsieur Manuel Valls, personne ne vous croit lorsque, soudain, vous vous imaginez en porte-étendard de la suppression du 49.3 ; car, lorsqu’à deux reprises, vous l’opposiez à votre propre majorité parlementaire, vous faisiez bien plus que régler le problème « de discipline » que vous posaient les Frondeurs du Groupe socialiste ; vous prolongiez l’état d’urgence qui, de ponctuel, devenait permanent, niant dans tous les termes possibles l’état de droit ; vous faisiez mine de nous croire en « guerre » (pensez-vous que nous ignorons ce qu’est une « guerre » ??) pour accepter avec colère les grandes manifestations de juin 2016, lançant les troupes de CRS contre le million de manifestants pacifiques, scindant le cortège, violentant – sans cause, sans raison – les citoyens bien au-delà des seuls casseurs, jusqu’à leur imposer de tourner en rond autour du Bassin de l’Arsenal de Paris, les matraques emplissant chaque débouché de rues, d’avenues, pour bien signifier qu’on ne manifeste pas en « état d’urgence » ; si une relève de gauche était possible, vous décidiez que vous feriez tout pour qu’elle n’ait pas lieu, et NUIT DEBOUT par exemple se trouvait gênée, infiltrée, comptée, criminalisée parfois, surveillée toujours dans ses moindres manifestants. Forcément, puisque nous sommes en « état d’urgence », puisque nous sommes en « guerre ». Mais vous, vous seriez « le seul » à pouvoir faire front, avec « l’autorité, l’expérience », « autorité » et « expérience » qui vous permettaient d’inventer la superposition administrative là où elle n’était pas encore, dans les Services de Renseignements où 22 structures (22 !) cherchent, se cherchent elles-mêmes, coordonnent, se re-coordonnent, sous le contrôle infime de juges et de parlementaires, donnant à l’arbitraire et à l’échec valeur de règles fondatrices.

Et si encore, vous, Manuel Valls, aviez mobilisé les moyens du l’Etat sur le terreau des 10 000 personnes où le terrorisme actuel se nourrit (200 000 en Italie lors de années de plomb du terrorisme d’extrême-gauche, pour relativiser). Eh bien, non, là encore : hors de Paris et des grandes villes, les gendarmes, traquent, comptent, numérisent, écoutent, archivent le militant écologiste, et il en est encore ainsi des x structures de renseignement (dont la DGSI, ex « RG ») déjà existantes, créées récemment, ou qui seront créés, « redondés », tandis que l’on manque de personnel pour les aspirants au djihadisme ; mais qu’importe, puisqu’on a créé une définition extensive du « secret défense », qu’on n’aura aucun compte à rendre. Je me souviens… lors d’une innocente réunion sur la destruction du bocage, nous avions eu droit à un agent infiltré, à une demi-brigade de gendarmerie sur le trajet de nos voitures. Mais comment étaient-ils au courant ? Déjà, lisaient-ils nos mails, nous écoutaient-ils ?? Gâchis de toutes natures.

Mieux encore : à coup de posture de coq gaulois, vous avez fabriqué des opposants déterminés à Notre-Dame-des-Landes, des « Zadistes » qui se répandent car, partout en France, les lois permettent de s’essuyer les pieds sur ce qu’il reste de nature. La nature : oui, ça ne vote pas. Ou, du moins, autrement. En balayant une centrale nucléaire en bord de mer, par exemple. Ce sont vos postures qui donnent l’autorisation morale de la violence politique et physique, comme au barrage de Sivens. Là encore, les polices se mobilisent sur les problèmes que vous avez créés, ou que vous n’avez pas su régler. Pour quoi faire ? Puisque ce n’est pas pour régler nos problèmes, à l’évidence ? Régler le vôtre, en imaginant que pour cela vous pourriez devenir Président de la République ? Parce que la population serait (serait) en attente « d’autorité » (en langage vrai, d’efficacité, ce qui n’est pas la même chose), deviendrait (deviendrait) raciste, « laïciste » (tout en restant « socialiste », et que vous incarneriez la seule force morale, etc., héritée (imaginez-vous peut-être) de Georges Clémenceau, en oubliant que lui a « gagné » une vraie guerre et fondé une démocratie républicaine. Vous êtes le vide de la pensée, de la pratique. Un néant moral, obsédé par la conquête du pouvoir, qui ne se gouverne pas lui-même.

Alors, partout, manifestants, chômeurs, précaires, femmes sous-payées, militants respectueux de la loi, démocrates de tous partis, de toutes obédiences, de toutes religions non dévoyées, policiers, gendarmes, magistrats, intellectuels, artistes, écrivains, éditeurs, journalistes, réaffirmons tous notre attachement aux Droits de l’homme, à une démocratie tolérante, véritable, ouverte aux autres car sûre de son identité, en disant : TOUT SAUF MANUEL VALLS. Aux Primaires de la gauche, donnez congé à Manuel Valls en brandissant votre propre 49.3.

Alors, signez cette pétition : https://www.change.org/p/tout-sauf-manuel-walls